LE NOM DE LA ROSE (1986), le Diable est dans les détails

La Victoire en chantant (1976), Coup de tête (1979), La Guerre du feu (1981), c’est à se demander pourquoi Jean-Jacques Annaud, avec sa tête à l’époque remplie d’ours, s’est-il trouvé soudain à transposer le chef-d’œuvre du sémiologue Umberto Eco ? Presque comme à chaque nouvelle pièce maîtresse de sa filmographie, il faut gratter sous le vernis de la pellicule pour comprendre que son apparente intrusion dans l’univers de ce professeur de l’université de Bologne n’a rien d’un hasard. À la manière de son héros Guillaume de Baskerville, le cinéaste incarna malgré lui un trouble-fête idéal, en s’emparant de ce best-seller avec la bénédiction de l’auteur. Il bouscula ainsi d’innombrables dogmes et certitudes, aboutissant à ce long-métrage inoubliable à redécouvrir en version restaurée.

Michel Audiard – Jean Vautrin : pavane pour une double renaissance

Ce dernier tome d’une série d’ouvrages consacrés à l’œuvre de Michel Audiard se concentre sur l’amitié qui se noue entre le scénariste de Un singe en hiver et le futur prix Goncourt Jean Vautrin, du milieu des années 70 jusqu’en 1985. Entretien avec Thibaut Bruttin qui a coordonné les deux derniers tomes de cette série d’ouvrages uniques en France, de par leur objet, leur approche et leur richesse.

CHER PAPA (1979), FANTÔME D’AMOUR (1981), reflets d’hier et d’aujourd’hui

Deux films de Dino Risi ressortent en salle ; deux films questionnant le passé, le souvenir, le spectral, dans l’Italie politiquement tourmentée de la fin des années 1970 / début 1980. Cher Papa (1979)et Fantôme d’amour (1981) embrassent la tragédie, le pessimisme de Dino Risi, cinéaste qui a pourtant brillé auparavant grâce à ses comédies dont Le Fanfaron, sorti près de vingt ans plus tôt. Mais le monde avait changé, et l’innocence du cinéma de Risi aussi, ornée désormais d’une tristesse qu’il applique sur ses stars, Marcello Mastroianni, Romy Schneider, ou Vittorio Gassman.

« L’action fait partie intégrante du film. Elle est aussi importante que les dialogues. » Rencontre avec John McTiernan au NIFFF 2023

La 22e édition du NIFFF du 30 juin au 8 juillet derniers, s’est éclairée par l’invitation de cet auteur de films d’actions américains parmi les plus mémorables tels que Predator, Piège de cristal ou À la poursuite d’Octobre rouge. Lors d’un rendez-vous qui marquait les 20 ans depuis le tournage de son dernier film, John McTiernan est revenu en artiste engagé, sans fard et sans filtre, sur sa carrière gravie jusqu’aux plus hauts sommets et sombré dans la disgrâce versatile d’Hollywood.

Silence ! Elles tournent – Delphine Seyrig, plus actuelle que jamais

Actrice et réalisatrice française, Delphine Seyrig fut l’incarnation de la bourgeoise sophistiquée, avec son port altier, son sourire mystérieux, sa voix chaude et sa distinction naturelle. L’actrice a tourné chez François Truffaut, Marguerite Duras, Don Siegel, Luis Buñuel, Joseph Losey, Chantal Akerman, William Klein ou encore Mario Monicelli, signe du cosmopolitisme de celle qui a grandi entre le Liban, New York et la Suisse. Delphine Seyrig a aussi réalisé une poignée de films documentaires, avec le collectif Les Insoumuses et son binôme Carole Roussopoulos, témoignages d’un engagement féministe précurseur. Avec son invité Jean-Marc Lalanne, Esther Brejon retrace la carrière de cette figure incontournable du cinéma d’auteur et avant-gardiste des années 60 à 80, disparue en 1990, et qui semble plus actuelle que jamais. 

Mauro Bolognini, des histoires italiennes

Quelques éditions vidéo, une rétrospective à la Cinémathèque en novembre 2019 parallèle à la ressortie en salle d’un film insolite du cinéaste, Gran Bollito, ont ravivé le souvenir du cinéaste italien Mauro Bolognini (1922-2001), auteur d’une œuvre conséquente d’une trentaine de films, trop souvent négligée par les cinéphiles. Pour preuve : aucun ouvrage en langue française ne lui avait été consacré jusqu’ici. Après La Rome d’Ettore Scola, Michel Sportisse se penche sur cette filmographie et lui redonne la place qu’il convient de lui accorder, aux côtés des plus grands, Fellini, Visconti, Pasolini ou Antonioni.

Silence ! Elles tournent – Sarah Maldoror, pionnière du cinéma africain

Sarah Maldoror fut une réalisatrice touche-à-tout, autrice d’une œuvre forte de plus de 40 films, passionnée de politique, poésie, peinture, jazz. Témoin de la décolonisation dans de nombreux pays comme l’Algérie, l’Angola et la Guinée-Bissau, elle s’est servie de sa caméra pour porter la parole des peuples africains et antillais, en quête d’émancipation et de représentation.

THE BLUES BROTHERS (1980) – Black and White

Difficile de trouver un film dont le capital sympathie est plus fort que celui des Blues Brothers de John Landis. Il fait aujourd’hui partie des incunables, de ces œuvres cultes du cinéma américain des années 80, qu’on se plaît à voir, revoir, à partager avec les jeunes générations, notamment avec cette édition célébrant son 40e anniversaire.

MISSISSIPPI BURNING (1988) – Justice et ségrégation

Puisqu’on parle beaucoup ces temps-ci – et à raison – de racisme et de violences policières, c’est peut être l’occasion de se replonger dans Mississipi Burning d’Alan Parker. Un film de flics, tentant de rétablir une justice dans une Amérique où l’inégalité, la ségrégation, et donc, le racisme et la violence, sont la norme. Cela s’est passé dans le Sud des États-Unis, il n’y a pas si longtemps…

VICE SQUAD (1982), une plongée dans l’enfer de la cité des anges

Même au fond du caniveau le plus sordide, la loi existe encore. C’est notamment à la brigade des mœurs qu’incombe ce sale boulot : nettoyer ces rues ténébreuses oubliées à la nuit par la société. Vice Squad nous fait déambuler dans ce Los Angeles des années 1980, une jungle urbaine sombre et brutale dans laquelle cette poignée de flics lutte à la marge avec l’énergie du désespoir. Une pépite du cinéma d’exploitation américain aux accents tristement contemporains suggérée par Jean-Baptiste Thoret dans sa collection Make My Day.

Miami Vice – Deux hommes dans la ville

Évocation phare de la série américaine des années 1980, Miami Vice (Deux flics à Miami) est une histoire de flics meurtris aux apparences trompeuses. Le film est à revoir à l’aune d’une modernité qu’il a engendré, que ce soit dans le paysage télévisuel et dans la conception du polar. Un moment de grâce faussement kitsch, baigné dans l’univers de son producteur, Michael Mann.

LA BALLADE DE NARAYAMA (1983) – Retraite spirituelle

Couronné au Festival de Cannes, la version restaurée du chef-d’œuvre de Shohei Imamura est désormais disponible en vidéo. Un long-métrage qui ne s’impose aucune barrière pour dépeindre un Japon rural et ses traditions, que les plus récentes générations nippones cherchent à oublier. Pourtant, nourrie des obsessions du cinéaste, cette vision traduit le sens même du cycle de la vie, révélant parfois sa cruauté concernant le sort réservé à nos plus anciens.

Jim Jarmusch, vacances permanentes

Alors que les juilletistes prennent d’assaut les routes de France, c’est vers l’Amérique que l’on fait cap grâce au cinéma de Jim Jarmusch, au travers d’une rétrospective constituée par ses six premiers longs-métrages. Une échappée libre aux côtés de personnages paumés mais attachants.

Platoon, d’Oliver Stone (1986)

Lorsqu’Oliver Stone réalise Platoon, en 1986, il n’est pas inconnu à Hollywood, mais scénariste de films qui ont marqué les esprit : Midnight Express, , Conan le Barbare, Scarface. Dès 1971, Stone a une obsession : porter à l’écran un scénario qu’il a écrit sur le Vietnam, basé sur ses souvenirs de fantassin en 1967, concrétisé quinze ans plus tard en film de guerre majeur américain.

Le Pont du Nord, de Jacques Rivette (1982)

Après avoir filmé un Paris immuable dans Paris nous appartient (1958) puis Céline et Julie vont en bateau (1974), l’heure est à l’amusement pour Jacques Rivette. Le cinéaste prend des libertés propices à l’éclosion des personnages, aux improvisations des actrices, co-scénaristes du film. Bulle et Pascale Ogier, mère et fille, incarnent les deux réalités d’une même époque : une jeunesse passée et en devenir.

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