Du 20 au 25 août se tient la 11e édition du Festival du film francophone d’Angoulême (FFA) qui marque le coup d’envoi de la rentrée cinématographique en France. Avant-premières, compétitions, classes de maîtres ponctuent la manifestation, avec un hommage cette année à Michel Deville.
Le Festival du film francophone d’Angoulême tire sa réputation de deux éléments : la présence de stars françaises qui viennent présenter et tester leurs films en avant-première – cette année, sont attendus Cédric Klapisch, Yvan Attal, Guillaume Canet ou Claude Lelouch ; et une compétition, qui permet de zoomer sur des cinématographies francophones, souvent difficilement visibles en cours d’année. Le Valois d’Or sera remis par un jury présidé cette année par l’actrice Jacqueline Bisset.
Depuis sa création, le FFA s’ouvre au cinéma de patrimoine et jette son dévolu sur l’œuvre d’un cinéaste. Après Anne Fontaine, François Dupeyron, Jacques Doillon ou Laurent Cantet, c’est au tour de Michel Deville de recevoir l’hommage qu’il mérite – enfin ! Après la rétrospective que lui a consacré la Cinémathèque française en mai dernier, ce n’est que justice. Aujourd’hui âgé de 88 ans, absent des écrans depuis 2003, son œuvre reste étrangement invisible, malgré de très beaux coffrets video édités par Gaumont. Contemporain de la Nouvelle Vague, il a fait tourner les plus grandes actrices et acteurs de son époque : Brigitte Bardot, Isabelle Huppert, Miou-Miou, Marie Trintignant, Romy Schneider, Catherine Deneuve, Nicole Garcia, Michel Piccoli, Jean-Louis Trintignant, Maurice Ronet, Jean-Pierre Cassel, Jacques Dutronc, entre beaucoup d’autres. En une trentaine de films, cet ancien assistant d’Henri Decoin s’est amusé à brouiller les pistes, en alternant les tons graves et légers, les expérimentations et le classicisme, la créativité artistique et les adaptations littéraires.
En raison d’une filmographie protéiforme souvent marquée par le succès critique et commercial – parmi ses plus célèbres, Benjamin ou les mémoires d’un puceau, Péril en la demeure, La Lectrice, L’Ours et la poupée – domine le sentiment déroutant d’une œuvre en fuite constante, qui cherche à se déjouer des étiquettes et des classifications. En accordant une place primordiale au texte, à l’image et à la musique – souvent classique, de Schubert à de Falla, en passant par Bellini – Michel Deville s’écarte de la veine réaliste, pour se rapprocher d’un formalisme expérimental et accessible, qui en fait un cinéaste unique en son genre.

Miche Picolli et Michel Devile pendant le tournage du Paltoquet, photo de Catherine Pistre © Éléfilm
Libertin, ludique et jouisseur, son cinéma porte également des traces de cruauté, de pessimisme et de désenchantement à l’égard du monde et des êtres. Un esprit libre et expérimentateur, dont les plus éclatantes réussites se trouvent dans le marivaudage – Adorable menteuse, L’Ours et la poupée, Nuits d’été en ville – le récit libertin en costumes d’époque – Benjamin, Raphaël ou le débauché –ou contemporain – Le Mouton enragé, Eaux profondes – le film d’espionnage – Le Dossier 51, ancêtre du Bureau des légendes ; Toutes peines confondues – ou les manipulations voyeuristes – Péril en la demeure, Le Paltoquet – ou dans les adaptations réputées inadaptables – Le Dossier 51 encore, La Lectrice, La Maladie de Sachs. Trois occasions de redécouvrir son œuvre lors du FFA : mercredi 21 août, avec L’Ours et la poupée ; jeudi 22, avec Adorable menteuse ; vendredi 23, avec Péril en la demeure.
Outre Michel Deville, le FFA met à l’honneur la carrière du cinéaste marocain Focus Nabil Ayouch (Much Loved) et rend hommage au distributeur Haut et Court en projetant une dizaine de films (L’Appolonide, Sous le sable). Autre événement digne d’intérêt patrimonial : lors de deux master class, Jacqueline Bisset et Claude Lelouch reviendront sur l’ensemble de leur carrière respective. Enfin, signalons le focus mis sur le cinéma luxembourgeois qui permettra de découvrir, entre autres, Pol Cruchten, important cinéaste luxembourgeois décédé en juillet dernier.
Toute la programmation du Festival du Film Francophone d’Angoulême ici :
https://filmfrancophone.fr/fr
En couverture, Michel Deville sur le tournage du Paltoquet, photo Catherine Pistre © Éléfilm)