Nous devions faire ce numéro en septembre dernier, avec une approche assez différente. L’étendue et la difficulté du sujet nous ont poussés à le décaler – en remplaçant ce dossier par un sujet sur la police, qui résonnait davantage avec l’actualité. Difficulté, pourquoi ? Parce qu’il s’agit de cinémas difficiles ? Pas vraiment, loin de là même, pour certains. Difficulté parce que, comme le rappellent plusieurs intervenants dans les pages qui suivent, aborder les cinématographies d’Afrique, c’est approcher un continent de cinéma peu vu et peu diffusé. D’ailleurs, au début des quinze heures du documentaire-fleuve Story of Film (2011), Mark Cousins dit : « Notre vision du cinéma est factuellement parcellaire et raciste. » La conséquence la plus directe de ceci, c’est que nous l’avons traité avec des yeux profanes, ou disons des yeux débutants. Quand bien même il y avait quelques curieux dans notre équipe, tout ce dossier a été une large initiation, l’idée n’étant justement pas d’en faire un document de référence (car de toute façon il existe des travaux qui vont bien plus loin) mais un témoin de notre parcours et une invitation à l’exploration. Que cette méconnaissance de notre part ne soit pas une fatalité. Nous avons eu la chance d’être accompagnés et conseillés par des personnes érudites et elles-mêmes soucieuses de transmettre ce patrimoine, de faire s’y intéresser de nouveaux publics cinéphiles. Nous voilà donc arrivés avec cette centaine de pages d’histoire(s) des cinémas d’Afrique(s), des histoires parfois épiques, tragiques, courageuses, esthétiques, politiques, éventuellement à cheval sur les deux côtés de la Méditerranée (colonialisme et diasporas obligent) mais qui partagent toutes l’idée d’un cinéma comme moteur de dialogue, d’expression, en colère ou apaisé. Autant d’histoires racontées, et autant d’histoires qui manquent encore, d’ailleurs, tant le continent demeure riche de ces sujets : des territoires restent encore inabordés dans ces lignes, comme Madagascar, ou comme l’Afrique du Nord, dont l’Égypte que nous avons sciemment mise de côté, pour y revenir plus tard. Quoi qu’il en soit, en nous penchant sur ce thème, nous avons appris plein de choses. Et vous ?
Remerciements particuliers à Maxime « Tadanobu » Blanc, pour ses encouragements et conseils avisés sur la constitution de ce dossier.