Depuis 2014, le fameux Palais des Festivals de Cannes déroule le tapis rouge au Musée Éphémère du Cinéma. Après George Méliès l’an dernier, l’exploration des prémices du cinéma continue avec cette exposition autour du cinéma des années 1910 jusqu’à 1939. Au programme, une plongée dans l’atmosphère des premiers studios entre Paris, Berlin et Hollywood et un hommage à l’art de la photographie de plateau.

Après la plage, pourquoi ne pas piquer une tête dans l’Histoire du cinéma ? C’est en tout cas ce que propose la ville de Cannes en cette période estivale au bout de la Croisette. Pour la quatrième année consécutive, le Palais des Festivals accueille le Musée éphémère du cinéma. Un espace familiale et didactique qui consacre son édition 2018 aux mutations qu’a connu le cinéma entre 1910 et 1939 à travers plusieurs séries de photographies de plateau. Des images souvent rares, accompagnées d’extraits de films et de quelques caméras, costumes et projecteurs d’époque issus de collections privés et des fonds de la Cinémathèque Française, à l’origine de la conception de cette exposition.

silence on tourneConstruite autour d’une dizaine de tableaux thématiques, cette exposition offre un tour d’horizon d’une époque où le cinéma est un pleine mutation, passant du muet au sonore, du noir et blanc à la couleur, etc. Un film est avant tout le travail d’une équipe, et la relation entre le cinéaste et ses techniciens est au cœur de ses photographies. Des instants de vie qui nous paraissent hors-du-temps. Moments parfois studieux quand Abel Gance ou Erich Von Stroheim dirige leur équipe, parfois plus léger, lorsque les stars, de Mary Pickford à Cary Grant, s’amusent avec machines et accessoires une fois la caméra éteinte. Cette exposition est surtout un moyen de découvrir le travail des premiers photographes de plateau, métier considéré comme accessoire aux débuts du cinéma. Il faut imaginer la lourde machinerie qui accompagnait leur photographes à cette époque, plutôt source d’embarras pour les cinéastes et leurs équipes. La considération de ce corps de métier sera tardive et viendra des États-Unis, avec en 1928 la création du premier syndicat des photographes de studio. Les photos de quelques grands noms sont exposés, comme les français Roger Corbeau (qui a travaillé entre autres avec Marcel Pagnol, Julien Duvivier, Abel Gance), et Roger Foster (qui a immortalisé plusieurs tournages de Jean Renoir et Marcel L’Herbier). Un fil rouge parfois cassé par de brefs portraits de grands cinéastes ayant travaillé entre Paris, Berlin et Hollywood (la question de la migration des cinéastes et techniciens allemands au moment de la montée du nazisme vers Paris puis les États-Unis est aussi significative).

Une plongée dans les coulisses d’une époque qui nous paraît aujourd’hui bien lointaine. Pourtant l’exposition met un point d’honneur à parler des nombreuses évolutions techniques qui ont eu lieu entre 1910 et 1939 et qui sont à l’origine du cinéma moderne. Son, couleurs, effets visuels, costumes… ce n’est pas un hasard si un focus est fait sur le film emblématique de Fritz Lang Métropolis (1927), devant lequel les plus jeunes visiteurs sont particulièrement émerveillés.

silence on tourne 2Néanmoins, il est évidemment difficile de traiter en quelques tableaux et sur un espace extrêmement restreint (une seule grande salle…) toute la richesse de ce moment charnière où le cinéma construit sa propre grammaire à partir de divers expérimentations techniques. Mais ce petit voyage dans ce premier âge d’or du cinéma où tout semblait possible est une belle initiative. Si les cinéphiles avertis n’y apprendront certainement rien de nouveau, l’exposition reste une initiation parfaite pour ceux qui ne voit dans l’ère du muet qu’une grande inconnue. Et ce n’est pas un hasard si la médiation auprès des plus jeunes est une des clés de cet évènement. De nombreux ateliers techniques sont proposés aux enfants, parmi lesquels la réalisation de la célèbre scène du Magicien d’Oz (1939) où Dorothy traverse la porte qui l’emmène au pays d’Oz, du noir et blanc à la couleur. De quoi faire naître des vocations.

Silence, on tourne !
Paris, Berlin, Hollywood
1910-1939

Palais des Festivals à Cannes.
Jusqu’au 26 août 2018, de 14h à 22h.
Entrée 2€

Plus d’informations : http://www.cannes.com/fr/evenements/grands-rendez-vous-mois-par-mois/le-musee-ephemere-du-cinema/le-musee-ephemere-du-cinema-2018.html