Le 26 août 1978, Charles Boyer mettait fin à ses jours, quarante-huit heures après le décès de son épouse, l’actrice Pat Paterson. Un final romanesque en diable pour cet acteur français naturalisé américain dont la destinée exceptionnelle le mena de Figeac à Hollywood. Il tourna avec les plus grands réalisateurs de son temps (L’Herbier, Lubitsch, Cukor, Minnelli, Resnais) et fut le partenaire des plus grandes actrices de l’époque (Greta Garbo, Marlene Dietrich, Ingrid Bergman, Danielle Darrieux, Martine Carol, Brigitte Bardot). Sa ville natale Figeac lui consacre un hommage, à travers une exposition du 18 au 30 septembre, et un week-end de conférences et de projections, du 20 au 23 septembre.
Le French lover par excellence
A la suite de Ramon Navarro et Rudolph Valentino, Charles Boyer incarne la figure du héros romantique hollywoodien. Mieux : celle du French lover, que tentera également de lui ravir son contemporain Louis Jourdan. Né en 1899 à Figeac, Charles Boyer se tourne vers les études de philosophie, avant d’entrer au cours Florent. Peu intéressé par le cinéma muet, il démarre vraiment sa carrière d’acteur avec l’avènement du parlant. Marcel L’Herbier lui donne un de ses plus beaux rôles avec Le Bonheur (1934), tandis que Fritz Lang, en transit en France, lui offre le rôle principal Lilliom (1934), aux côtés de Madeleine Ozeray. Appelé à Hollywood pour doubler les films américains exportés en France, il entame alors une brillante carrière américaine. Il multiplie les collaborations avec les plus grands réalisateurs de son époque (Franck Borzage, Anatole Litvak, Gregory LaCava ou Mitchell Leisen). Avec pour point d’orgue Elle et lui, première version, sous la direction de Leo McCarey. Autant d’occasions pour l’acteur de côtoyer les plus grandes actrices hollywoodiennes de l’époque, Greta Garbo, Marlene Dietrich, Irene Dunne ou Claudette Colbert.

Sigrid Gurie, Charles Boyer et Hedy Lamarr dans Algiers (JohnCromwell, 1938)
Double fracture
La Seconde Guerre mondiale agit comme une double fracture dans la carrière de Charles Boyer. Alors qu’il est mobilisé sous les drapeaux en France, il obtient une dérogation pour achever un tournage en France. Dérogation qu’il met à profit pour s’envoler pour les Etats-Unis et obtenir sa naturalisation américaine en 1942. Il lui en sera beaucoup voulu côté français, même si son engagement du côté des Alliés ne fera pas l’ombre d’un doute pendant tout le conflit : il met à profit sa notoriété et ses réseaux pour contribuer à l’effort de guerre allié contre le nazisme. Parallèlement, sa carrière prend alors une tournure plus sombre, l’acteur n’hésitant pas à incarner des personnages plus ambigus, à l’instar de celui du mari d’Ingrid Bergman dans le très hitchcockien Hantise (1944), de George Cukor, avec Ingrid Bergman.
Carrière transatlantique
L’après-guerre lui permet de poursuivre une brillante carrière des deux côtés de l’Atlantique, en alternant théâtre, cinéma et télévision. Citons, parmi ses succès notables, côté France, Nana (1955), de Christian Jacque, avec Martine Carol ; Une Parisienne (1957), avec Brigitte Bardot ; Maxime (1958), d’Henri Verneuil ; sans oublier, bien sûr, le chef d’œuvre de Max Ophüls, Madame de… (1955). Outre-Atlantique, on le voit, entre autres, dans La Toile d’araignée (1955) et Les Quatre cavaliers de l’apocalypse (1961) de Vincente Minnelli ou dans Comment voler un million de dollars (1966), de William Wyler. Citons deux curiosités de sa filmographie transatlantique : les remake du film de Clouzot Le Corbeau intitulé La 13e lettre, d’Otto Preminger en 1951 ; et celui du film de Pagnol Fanny, réalisé par Joshua Logan en 1961.
Il ralentit son rythme de tournages à la fin des années 60, avant d’achever sa carrière sur deux très belles méditations mélancoliques, l’une en France signée Alain Resnais, Stavisky (1974) ; l’autre aux Etats-Unis, signée Vincente Minnelli, Nina (1976). Il se donne la mort deux jours après le décès de son épouse britannique Pat Paterson, le 26 août 1978.
Hommage de Figeac à son enfant prodige
Figeac, sa ville natale, rend donc hommage à son enfant prodige, au cinéma L’Astrolabe Grand Figeac, sous la houlette des Films du Horla et des Films du Genièvre. Tout d’abord, une exposition, du 18 au 30 septembre, rassemblera documents, photos, affiches, pour retracer la carrière de l’acteur. Pour approfondir et raviver la place unique et exceptionnelle qu’occupait l’acteur dans l’industrie cinématographique de l’époque, une série de conférences et de projections (pour la plupart en 35 mm) seront organisées du 20 au 23 septembre :
- Jeudi 20 septembre, la projection du Bonheur, de Marcel L’Herbier, sera précédée d’une conférence sur l’acteur et ses origines figeacoises
- Vendredi 21 septembre, ce sera l’occasion de redécouvrir le chef d’œuvre méconnu de Fritz Lang Lilliom, après la conférence qu’aura consacrée Gilles Grandmaire, de la Cinémathèque française, à l’aura de l’acteur Charles Boyer
- Samedi 22 septembre, la conférence du biographe de Charles Boyer Guy Chassagnard, sera précédée de la projection de Hantise (1944), de George Cukor, et suivie par celle d’Une Parisienne (1957), de Michel Boisrond
- Dimanche 23 septembre, enfin, la projection de Stavisky (1974), d’Alain Resnais, clôturera une conférence consacrée à la French Research Foundation de Charles Boyer à Hollywood.
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