Du 2 au 11 novembre 2018 le Arras Film Festival, qui fête cette année sa 19ème édition, proposera pléthore d’évènements cinématographiques à ses 45.000 spectateurs. Et, notamment, de nombreux rendez-vous autour du cinéma de patrimoine et de répertoire.

Le Arras Film Festival a depuis toujours eu le souci de faire découvrir des films qui appartiennent à l’Histoire du 7ème Art. Des œuvres connues, reconnues, quand d’autres le sont beaucoup moins. Autant de moments forts pour tous les amoureux du cinéma. N’oublions pas que le cinéma d’aujourd’hui se construit, se nourrit, se réinvente, aussi, grâce au patrimoine cinématographique mondial – et les lecteurs de Revus & Corrigés seront heureux de partir à la rencontre des deux rétrospectives traditionnellement proposées à Arras : l’une consacrée à l’Histoire, l’autre davantage axée sur les cinémas de genre.

Baril_de_poudreLa première rétrospective, Conflits dans les Balkans, réunira douze longs-métrages. Elle permettra de voir ou revoir les regards portés par les cinéastes sur ces guerres récentes qui déchirèrent les pays de l’ex-Yougoslavie. Les films sélectionnés abordent ces conflits avec intelligence, un humour souvent noir ou ravageur, mais délivrent également un engagement politique fort, qui diffère selon la provenance des œuvres. Parmi ces films, nous pourrons voir Baril de Poudre (Serbie – 1998) de Goran Paskajevic, Before the rain (Macédoine -1994) de Milcho Manchevski, Le cercle parfait (Bosnie – 1997), les inédits How the war started on my island (Croatie – 1996) de Vinko Brecan et The Living and the Dead (Croatie – 2007) de Kristijan Milic, … Des classiques comme le contesté, mais néanmoins passionnant à plus d’un titre, Underground (Serbie -1995) de Emir Kusturica seront projetés.

Police_Python_357Le seconde rétrospective, Good Cop Bad Cop, nous emmènera à la frontière fascinante (et souvent dangereuse) qui sépare le flic du voyou. On y croisera des policiers véreux, brutaux, racistes, manipulateurs, pendant que d’autres seront prêts à s’affranchir de toutes règles pour faire triompher le bien et la justice. Quatorze films ont été sélectionnés parmi lesquels : Infernal Affairs (Hong-Kong -2002) de Andrew Lau et Alan Mak, Insomnia (Norvège – 1997) de Erik Skoldbjaerg : une bonne occasion de découvrir les œuvres qui ont inspiré des remakes à Martin Scorsese (Les Infiltrés – USA – 2006) et Christopher Nolan (Insomnia – USA – 2002). Police Fédérale Los Angeles (1987) le film mythique – plus grand polar américain des années 80 ? – de William Friedkin sera convié, tout comme le classique du regretté Alain Corneau, Police Python 357 (1976) avec Yves Montand, Simone Signoret et François Perier. On verra également La soif du mal chef-d’œuvre absolu d’Orson Welles (1958) avec un Charlton Heston transformé en flic mexicain, mais aussi des films moins célèbres tels Un flic sur le toit (Suède -1974) de Bo Widerberg. Autant dire que les amateurs de films noirs et polars seront aux anges. Ces films seront tous proposés en versions originales (sous-titrés pour les films étrangers), comme il est de tradition au festival d’Arras.

Le cinéma de patrimoine à Arras, c’est aussi la création de ciné-concerts sous la houlette du musicien Jacques Cambra, artiste associé du Festival. Il sera accompagné par les élevés et professeurs du Conservatoire d’Arras sur le film de Joe May, Asphalt (Allemagne – 1918). Ce mélodrame audacieux et sensuel, d’une incroyable modernité, sera programmé le mardi 6 novembre à 18h30. L’autre ciné-concert sera une découverte pour beaucoup. Le 9 novembre à 18h30 vous partirez pour A trip to Mars (Himmelskibet, Danemark, 1918), un film de science-fiction oublié mais précurseur, réalisé durant la Grande Guerre et au message résolument pacifiste. A trip to Mars sera accompagné au piano par Jacques Cambra.

Pour commémorer le Centenaire de l’Armistice du 11 novembre 1918 (thème auquel le nouveau numéro de Revus & Corrigés  a consacré un dossier: 1918 – Filmer un monde nouveau), le Arras Film Festival proposera notamment La tragédie de la mine de Georg W. Pabst (Kameradschaft, Allemagne-France, – 1931).

Par ailleurs, Peter Jackson offrira la première française de They Shall Not Grow Old, son documentaire sur les soldats néo-zélandais durant la 1ère guerre mondiale. Pour ce film, le cinéaste de Créatures Célestes et Le Seigneur des Anneaux a colorisé,  sonorisé des images d’archives, et ajouté des voix aux personnages qui y apparaissent. Un choix que certains contesteront car il pose de vraies questions d’un point de vue historique, moral et cinématographique. Peter Jackson, qui s’est déplacé plusieurs fois à Arras pour les recherches de son film, offre cette projection pour aider au financement de La Grande Veillée. Beau geste, néanmoins.

they shall not grow old

L’Invitée d’Honneur du Festival, Pascale Ferran, donnera une Masterclass animée par le critique de cinéma Michel Ciment – auquel le festival offrira également une Carte Blanche-. Petits arrangements avec les morts (1994), L’âge des possibles (1995), le documentaire Sam Rivers / Tony Hymas : Quatre jours à Ocoee (2000), Lady Chaterley (2006 – 5 César et le Prix Louis Delluc) seront projetés à l’occasion de cet hommage.

Autant de temps forts autour du cinéma de patrimoine, qui vous attendent à Arras du 2 au 11 novembre prochains.

Renseignements, tarifs, lieux du Arras Film Festival

Le programme


Grégory Marouzé

Cinéphile acharné ouvert à tous les cinémas, genres, nationalités et époques. Journaliste et critique de cinéma (émission TV Ci Né Ma - L'Agence Ciné, Toute La Culture, Lille La Nuit.Com, ...), programmation et animation de ciné-clubs à Lille et Arras (Mes Films de Chevet, La Class' Ciné) avec l'association Plan Séquence, Animateur de débats et masterclass (Arras Film Festival, Poitiers Film Festival, divers cinémas), formateur. Membre du Syndicat Français de la Critique de Cinéma, juré du Prix du Premier Long-Métrage français et étranger des Prix de la Critique 2019, réalisateur du documentaire "Alain Corneau, du noir au bleu" (production Les Films du Cyclope, Studio Canal, Ciné +)