Florence Platarets et Frédéric Bonnaud se sont plongés dans les nombreuses archives de la Nouvelle Vague pour en extraire des images inédites, témoignage exceptionnel de l’ardeur d’un courant cinématographique unique au monde. 

Que dire de nouveau sur la Nouvelle Vague ? On a comme l’impression d’avoir tout lu et vu sur elle, et qu’il n’y a rien de neuf à raconter sur le sujet. Pourtant, le documentaire La Nouvelle Vague, une bande à part, réalisé par Florence Platarets et écrit par Frédéric Bonnaud, a le mérite de raconter la Nouvelle Vague avec le recul nécessaire, plus de 60 ans après son éclosion. Y sont évoqués à travers archives, extraits de films et interviews des principaux protagonistes l’opposition de cette bande d’amis aux réalisateurs en place, et l’écume de nouveauté, jeunesse et simplicité qu’elle a engendrée dans l’histoire du cinéma. L’intelligence du récit réside dans l’absence de voix off et dans la construction du film, où les images d’archives se répondent entre elles. Comme si Claude Autant-Lara s’adressait directement à Jean-Luc Godard, François Truffaut à Jean Aurenche, tel un dialogue entre générations par interviews interposées. Il va sans dire que les maîtres de la « Qualité française » y prennent encore une fois pour leur grade, rituel canaille des critiques de ces cinéphiles devenus cinéastes. 

On retrouve dans ce documentaire les films cultes bien sûr, Les 400 coups, À bout de souffle, Cléo de 5 à 7, mais aussi des moins connus, comme Adieu Philippine, Les Bonnes Femmes, Paris nous appartient, Moi un noir. Pourquoi rassembler autant de films qui se ressemblent si peu sous la même bannière ? Parce que leurs auteurs ont le point commun de descendre dans la rue et de faire parler les jeunes, s’adressant à cette jeunesse indifférente aux drames historiques des studios français. Ces jeunes, ce sont Jean-Pierre Léaud lors du casting pour le premier film de Truffaut, Jean-Paul Belmondo et Jean-Claude Brialy qui se charrient en interview, Bernadette Lafont, mais aussi des acteurs et actrices disparus des radars comme Jean-Claude Aimini – aux faux airs de James Dean –, Yveline Cery… Aux images fameuses de la Nouvelle Vague, se mêlent des archives méconnues, nous laissant entrevoir l’humour de Claude Chabrol, le sérieux de Rohmer, la perspicacité de Rozier, Godard acteur ou encore Truffaut intervieweur. La forme du documentaire, qui emprunte à l’esthétique d’Une femme est une femme, a l’originalité d’en faire un film à part dans l’univers foisonnant du documentaire de cinéma. Comme si la Nouvelle Vague avait réalisé son propre autoportrait documentaire.

Sur le plateau de Cléo de 5 à 7 © (1961) Liliane de Kermadec / Ciné Tamaris

LA NOUVELLE VAGUE, UNE BANDE À PART

Florence Platarets (2021)
Eex-Nihilo / Arte
Disponible jusqu’au 7 août 2022 sur arte.tv

Catégories : Critiques