LUNE FROIDE (1991), regarde les hommes tomber

Lune froide a beaucoup fait parler à sa sortie pour une séquence choquante, grotesque, interdite. Pourtant, le film de Patrick Bouchitey ne peut se résumer à ce paroxysme de cinéma. Adapté de Charles Bukowski, Lune froide est d’abord une histoire d’amitié entre deux pieds nickelés. C’est aussi un film poignant, drôle, poétique, et rageur.

CLASSIFIED PEOPLE (1987), l’amour face à l’Apartheid

Tourné clandestinement en 1987, Yolande Zauberman signe avec Classified People un premier film foudroyant sur la violence du régime sud-africain. Au cœur du documentaire : le témoignage d’un couple brisé par l’instauration de ce système. Une œuvre rare et essentielle pour comprendre la violence de cette période qui ressort en salles en version restaurée.

HESTER STREET (1975), un monde nouveau

Après avoir été redécouverte au Festival Lumière en 2020, le travail de la réalisatrice américaine Joan Micklin Silver a enfin les honneurs d’une ressortie en salles avec son premier film, Hester Street (1975). Une plongée quasi-documentaire dans le Lower East Side de la fin du XIXe siècle à travers le regard d’une jeune immigrée russe dépassée par les mœurs du pays de Yankees auquel son mari s’est acclimaté.

BAYAN KO (1984), la toile d’araignée

En 1984, Bayan Ko est privé de sortie aux Philippines, victime de la censure de Ferdinand Marcos. À la fois mélodrame, film noir et d’action, Bayan Ko, œuvre d’un grand courage politique, est, hélas, toujours d’actualité. Le film est disponible sur la plateforme d’Arte jusqu’au 28 août.

CHER PAPA (1979), FANTÔME D’AMOUR (1981), reflets d’hier et d’aujourd’hui

Deux films de Dino Risi ressortent en salle ; deux films questionnant le passé, le souvenir, le spectral, dans l’Italie politiquement tourmentée de la fin des années 1970 / début 1980. Cher Papa (1979)et Fantôme d’amour (1981) embrassent la tragédie, le pessimisme de Dino Risi, cinéaste qui a pourtant brillé auparavant grâce à ses comédies dont Le Fanfaron, sorti près de vingt ans plus tôt. Mais le monde avait changé, et l’innocence du cinéma de Risi aussi, ornée désormais d’une tristesse qu’il applique sur ses stars, Marcello Mastroianni, Romy Schneider, ou Vittorio Gassman.

NIFFF 2023 – L’univers fou fou fou de Katsuhito Ishii

En faisant l’ouverture de la Quinzaine des réalisateurs en 2004 avec son troisième long-métrage, The Taste of Tea, l’iconoclaste cinéaste japonais Katsuhito Ishii vit sa carrière propulsée sur le devant de la scène cinématographique internationale. Il était cette année l’un des invités à l’honneur du 22e NIFFF avec une sélection de ses réalisations en version restaurée, dont son tout premier film, sorti il y a 25 ans, qui lui avait permis de croiser la route d’un certain Quentin Tarantino…

BIG GUNS (1973), le prince de la nuit

Genre de tous les excès, expression de l’incapacité à saisir véritablement les événements politiques de l’Italie des années 70, le poliziottesco, à l’instar du cinéma d’exploitation, n’a pas toujours eu bonne presse. Il recèle pourtant quelques grandes réussites dont Big Guns de Duccio Tessari fait assurément partie, film porté par l’acteur et producteur Alain Delon. Après une sortie en salle par Camélia Films, le film de Duccio Tessari est maintenant disponible en vidéo chez Pathé.

Cannes Classics : LE DISQUE ROUGE (1956) de Pietro Germi

Restauré par L’Immagine Ritrovata et la Cineteca di Bologna et présenté cette année dans la sélection Cannes Classics, Le Disque rouge de Pietro Germi est un film néoréaliste singulier, une des belles surprises de ce Festival de Cannes. Dans une Italie moderne et conservatrice où règnent les inégalités, Pietro Germi plonge dans le milieu ouvrier des cheminot, tout en restant plus proche de ses personnages que des luttes sociales, à travers le point de vue cruellement naïf d’un jeune garçon.

LE TEMPLE DES OIES SAUVAGES (1962), ce qu’il restera de nous

Malgré le succès relatif des Femmes naissent deux fois, Yuzo Kawashima rempile dès l’année suivante auprès de la Daiei en plongeant l’hypnotique Ayako Wakao au cœur d’un triangle amoureux pervers dans Le Temple des oies sauvages. Le cinéaste japonais distille des éléments plus personnels dans sa description atemporelle de son pays avec un film aussi sublime à l’image qu’il en est transgressif dans le miroir qu’il tend aux institutions traditionnelles de l’archipel nippon. À redécouvrir dans une copie magnifiquement restaurée

PHENOMENA (1985), Argento ou rien

Ce n’est pas forcément le film le plus réputé de Dario Argento, et pourtant c’est sûrement l’un de ses plus passionnants car l’un des plus multiples, foutraques et baroques. Phenomena ressort grâce à un magnifique coffret de 8 films du maitre italien, disponible chez les Films du Camelia.

NOUS ÉTIONS JEUNES (1961), éclat bulgare

Première femme réalisatrice en Bulgarie, la cinéaste Binka Jeliaskova est à l’honneur d’une grande rétrospective en salles, dont la première partie est visible depuis le 8 mars. Partageant ses influences entre néoréalisme et Nouvelle Vague, son second film Nous étions jeunes (1961) impressionne par ses fulgurances formelles et sa représentation d’une jeunesse en lutte.

LES FEMMES NAISSENT DEUX FOIS (1961), l’anamour toujours

En ce mois de mars 2023, l’éditeur Badlands ajoute à la collection 1kult trois opus de Yuzo Kawashima, prolifique cinéaste japonais et pourtant moins connu par chez nous que certains de ses pairs. Un cadeau triple en versions restaurées qui commence avec Les Femmes naissent deux fois, critique incisive de la société patriarcale japonaise en déconstruisant ses mythes, avec une Ayako Wakao sublime et insaisissable en prostituée en quête d’indépendance.

LITTLE ODESSA (1994): les débuts d’une odyssée américaine

Premier long métrage de James Gray, Little Odessa est disponible dans une nouvelle édition Blu-ray et DVD depuis le 3 janvier dernier chez Metropolitan Vidéo. Quelques semaines après la sortie de l’une de ses œuvres les plus personnelles Armageddon Time, Little Odessa permet de revenir sur ce qui constituait déjà le coeur de son cinéma : départs et retours, ombres et mirages, aliénation familiale et mélodrame : James Gray, une odyssée américaine.

UNE VIE DIFFICILE (1961): ils se sont aussi tant aimés !

Après Le Trou, de Jacques Becker (1960), Monsieur Klein, de Joseph Losey (1976) et Le Grand Silence, de Sergio Corbucci (1968), au tour d’Une vie difficile de bénéficier d’une édition Hors série dans la stimulante collection Make my day, dirigée par Jean-Baptiste Thoret. Occasion de redécouvrir cette perle finalement méconnue du cinéma italien, enrichie de très nombreux suppléments qui permettent de faire le point sur ce qu’on appelle communément la “comédie” italienne.

LE SALON DE MUSIQUE (1958), la disparition

L’un des films les plus connus de Satyajit Ray, Le Salon de musique, ressort en cette fin janvier avec Les Acacias Disitribution. Bien plus qu’une simple question de mélomanie, ce long métrage aux accents du Guépard de Luchino Visconti, traite surtout de la fin d’une époque, d’une aristocratie coupée du monde, mélancolique et hors du temps.

LA PASSAGÈRE (1963), l’horreur en mémoire

Et si vous recroisiez par hasard une personne que vous avez torturé par le passé ? Et si ce passé, honteux et enfoui, ressurgissait ? C’est ce que raconte La Passagère, qui dévoile le passé de Liza, ancienne surveillante SS. Ce film inachevé et sublime de Andrzej Munk, qui ressort au cinéma chez Malavida, est un exemple parfait de comment arriver à traiter en fiction de la délicate question des camps de concentration.