CHER PAPA (1979), FANTÔME D’AMOUR (1981), reflets d’hier et d’aujourd’hui

Deux films de Dino Risi ressortent en salle ; deux films questionnant le passé, le souvenir, le spectral, dans l’Italie politiquement tourmentée de la fin des années 1970 / début 1980. Cher Papa (1979)et Fantôme d’amour (1981) embrassent la tragédie, le pessimisme de Dino Risi, cinéaste qui a pourtant brillé auparavant grâce à ses comédies dont Le Fanfaron, sorti près de vingt ans plus tôt. Mais le monde avait changé, et l’innocence du cinéma de Risi aussi, ornée désormais d’une tristesse qu’il applique sur ses stars, Marcello Mastroianni, Romy Schneider, ou Vittorio Gassman.

LA RÈGLE DU JEU (1939), l’ours et le lapin

Sorti à la veille de la Seconde Guerre mondiale, LA RÈGLE DU JEU a bousculé la France de 1939 à la fois par son extrême lucidité sur la société et son aspect de théâtre bouffon des vanités. Le film a maintenant un statut de chef-d’œuvre visionnaire qui cache peut-être les marques de sa fabrication douloureuse et la grandeur du Jean Renoir comédien.

« Elizabeth Taylor a tourné dans un film dont le titre la résume entièrement : La Fille qui avait tout. » – Entretien avec Murielle Joudet

Alors que s’est clôt la rétrospective Elizabeth Taylor à la Cinémathèque Française – attendue et repoussée l’année dernière pour raisons sanitaires – il semblait important de revenir plus en détail sur la vie et les films d’une des plus grandes stars qu’ait jamais donné Hollywood. Une diva dont l’art et la vie entremêlés dessinent une œuvre en soi, pour laquelle il convient d’appliquer une réelle « politique des acteurs ». C’est l’esprit de ce dialogue avec Murielle Joudet, critique au Monde et sur France Culture et autrice de deux livres parus chez Capricci (Isabelle Huppert : Vivre ne nous regarde pas, 2018 ; et Gena Rowlands, On aurait dû dormir, 2020), signant également un texte d’introduction à la rétrospective Elizabeth Taylor dans le programme d’hiver de la Cinémathèque Française.

Conversation avec Nicolas Saada, match retour

Avant que la vie ne reprenne, notamment avec la rouverture des lieux culturels, nous avons échangé une nouvelle fois avec Nicolas Saada – histoire de reprendre un dialogue cinéphile là où nous l’avions laissé. Une conversation au long cours et à bâtons rompus avec un ami de Revus & Corrigés, deux ans après notre première rencontre, histoire de parcourir de nouveau les mondes du cinéma et glisser quelques indices sur notre prochain numéro. En bref, il était temps de prendre des nouvelles et de faire le point.

L’AVVENTURA (1960), naissance du vide

Film emblème de la modernité européenne et acte de naissance du grand œuvre de Michelangelo Antonioni après une première période de recherches et d’expérimentations (La Dame sans Camélia, Le Cri…), L’Avventura ressort enfin en salles de cinéma et déplie une nouvelle fois sous nos yeux son voile de mystère opaque, toujours plus fascinant.

WINGS OF HOPE (1998) – L’échappée belle

Documentaire réalisé pour la télévision en 1998, Wings of Hope revient sur le crash du vol LANSA 508 en pleine forêt amazonienne, le 24 décembre 1971. Juliane Koepcke, jeune Allemande expatriée au Pérou alors âgée de dix-sept ans, fut la seule survivante des quatre-vingt douze passagers de l’avion, parmi lesquels ses deux parents. Plus de vingt-cinq ans plus tard, elle retourne avec Werner Herzog sur les lieux de l’accident et refait avec lui l’incroyable marche qu’elle effectua, seule dans la jungle pendant plus de dix jours, avant d’être secourue par trois indigènes aux abords d’une rivière.

Questions de cinéma, quelques réponses – Entretien avec Nicolas Saada

La cinéphilie s’est ruée sur Questions de cinéma, récente compilation d’entretiens réalisés par Nicolas Saada, qui croise les regards de grands noms du cinéma (mais pas que), dont James Cameron, Dario Argento ou encore David Lynch. Un véritable abécédaire du langage cinématographique qui donne aussi à reconsidérer l’échange fait avec les artistes. Nous avions, à notre tour, des questions pour Nicolas Saada, devenu entre temps scénariste et réalisateur. Une manière d’honorer la transmission et de boucler la boucle.

Il était une fois 1969 : Willie Boy, contre l’amnésie et le silence de l’Amérique

1909. Une ombre saute d’un train en marche pour rejoindre la réserve californienne de Morongo. C’est Willie Boy, mystérieux indien païute de retour d’on ne sait où, revenu épouser sa promise selon les traditions ancestrales. Après un incident qui provoque la mort de deux indiens et la fuite du couple à travers les étendues sauvages, le taiseux shériff Coop se lance à leur poursuite. Mais où court donc Willie Boy, dans ces espaces nus et désolés que l’homme Blanc a déjà cent fois parcouru et où les siens, exterminés ou parqués dans des réserves à l’abri des regards, ne sont déjà plus qu’un souvenir ?

Il était une fois 1969 : Daddy’s Gone A-Hunting

C’est un des films hollywoodiens les plus curieux de la décennie, et sans doute un des plus atypiques de cette année 1969. Daddy’s Gone A-Hunting, thriller surfant sans ambiguïté sur le succès monstre de Rosemary’s Baby sorti trois ans plus tôt, suit les errances angoissés et peut-être paranoïaques d’une jeune femme enceinte persuadée d’être poursuivie par un ancien amant meurtrier.

L’ARRANGEMENT (1969), Elia Kazan et son miroir brisé

C’est Marlon Brando qui aurait du avoir le rôle. Celui d’Eddie Anderson, Evangelos Topouzoglou, fils d’immigré grec touché par la grâce du rêve américain -la publicité- qui, un beau jour, précipite sans crier gare sa belle cylindrée blanche sous les roues d’un camion. Pourquoi ce geste ? C’est tout l’objet de ce film de 1969 d’Elia Kazan dont le personnage principal, survivant de justesse à son suicide manqué, entre en profonde crise existentielle