DRIVER (1978), symphonie en V8

Il y a une dizaine d’années, au moment de la sortie de Drive de Nicolas Winding Refn, son film-matrice, Driver de Walter Hill, sorti en 1978, avait refait parler de lui. Depuis, grâce aux ressorties et rétrospectives, la carrière du cinéaste, ancien scénariste de Peckinpah, a su lui redonner la place qu’il mérite dans le paysage américain des années 1970-80 – son âge d’or (même si quelques manques restent à combler, dont le monumental Sans retour). En attendant, la ressortie de Driver à la fois au cinéma et en vidéo donne à revoir une performance de cinéma minimaliste géniale, hors-du-commun, et avec certainement parmi les meilleures courses-poursuites jamais filmées.

LA COMTESSE AUX PIEDS NUS (1954), Mankiewicz à nu

À mi-chemin dans la carrière de Joseph L. Mankiewicz, La Comtesse aux pieds nus est l’un de ses films les plus singuliers. On l’a souvent mis en miroir avec beaucoup d’autres productions sur l’industrie Hollywoodienne, mais aussi Pandora, sorti la même année, également avec Ava Gardner. Pourtant, il est demeuré un peu à part, même chez son auteur, loin du culte voué à Ève ou du faste délirant de Cléopâtre. Il ressort désormais en vidéo dans une édition Carlotta.

ORDET (1955), le miracle

Ordet fait partie de ses films intimidants, dont on connait le titre sans l’avoir vu. Cette ressortie par Capricci dans une très belle copie restaurée permet ainsi de découvrir le film pour ce qu’il est, un des plus grands films sur la présence du sacré, à la fois intime, pudique et majestueux.

Tendres Passions (1983), raviver la flamme

Premier film de James L. Brooks, adapté du roman de Larry McMurtry, Tendres Passions, cochant tous les malheurs et les joies du mélodrame hollywoodien, n’est pas épargné par la critique française, malgré (ou à cause) de ses 5 Oscars. Heureusement, aux États-Unis comme en France, le public suit, alors même qu’il n’y a rien de plus cruel que les parfaits mélodrames.

Super Express 109, a.k.a The Bullet Train (1975), un cinéma catastrophe révolté

Alors que le nouveau Brad Pitt, Bullet Train, est toujours sur les écrans, Super Express 109, également connu sous le titre The Bullet Train, réalisé par Jun’ya Satō, connaît les honneurs d’une sortie vidéo en version intégrale. Produit par la Toei, ce blockbuster, mêlant cinéma catastrophe, policier, social et politique, a marqué au-delà du Japon, influençant plusieurs films d’action américains, jusqu’à en reprendre le titre.

Mr KLEIN (1976), la quête d’identité

C’est sans doute le film sur la rafle du Vel’d’Hiv, dont on commémorera dans une dizaine de jours le 80e anniversaire. C’est aussi le film de l’acteur-producteur qui est sans doute, à ce moment-là, la plus grande star du cinéma français, Alain Delon (actuellement à l’honneur au festival La Rochelle Cinéma), dans une quête de déconstruction de sa propre image. C’est enfin le film d’un cinéaste singulier et inclassable, Joseph Losey (récemment au cœur d’une rétrospective à la Cinémathèque française) qui a mis en images ce cauchemar honteux et traumatique de l’Histoire française.

LA MAMAN ET LA PUTAIN (1973), enfin

Le 17 mai dernier, la sélection Cannes Classics du Festival de Cannes s’ouvrait sur la projection de La Maman et la Putain de Jean Eustache, le secret le mieux gardé de la cinéphilie française. En 1973, Jean Eustache présentait son film sur la Croisette. Film provoquant et instinctif, le Grand prix du Jury qui lui est accordé nourrit la légende en train de s’écrire d’un film qui sera par la suite longtemps bloqué et dont nous découvrons aujourd’hui la version restaurée.

Cannes Classics : L’ADVERSAIRE (1970) de Satyajit Ray

Avec L’Adversaire (1970), présenté dans la sélection Cannes Classics de cette 75e édition du Festival de Cannes, Satyajit Ray passe du film noir à la comédie, du cinéma-vérité au fantastique, pour décrire le trouble de ce jeune étudiant confronté au monde du travail, des adultes et de la ville, dans une Calcutta noyée entre le conservatisme et la modernité.

SOLO (1970), l’amertume du monde qui ne bouge pas

Tourné au lendemain de Mai-68, Solo montre une jeunesse dont la seule réponse à l’hypocrisie ambiante des dernières années de De Gaulle est la violence. Trublion inclassable du cinéma français, Jean-Pierre Mocky poursuit, tout au long des années 1960, une esquisse implacable de cette société française coincée, avec Solo comme paroxysme.

JE SUIS UN AVENTURIER (1954), Super Mann

Les cinq westerns qu’Anthony Mann a tourné avec James Stewart ont réfléchi un Ouest âpre, violent et propice aux personnages de sociopathes. Je suis un aventurier, réalisé en 1954, ne déroge pas à la règle, tout en offrant les paysages majestueux du grand Nord et de la frontière avec le Canada.

LA RÈGLE DU JEU (1939), l’ours et le lapin

Sorti à la veille de la Seconde Guerre mondiale, LA RÈGLE DU JEU a bousculé la France de 1939 à la fois par son extrême lucidité sur la société et son aspect de théâtre bouffon des vanités. Le film a maintenant un statut de chef-d’œuvre visionnaire qui cache peut-être les marques de sa fabrication douloureuse et la grandeur du Jean Renoir comédien.