Le premier long-métrage réalisé par Alain Chabat a 25 ans. Son art burlesque, son amour des chiens, et tout un pan de l’époque Canal + se retrouvent dans cette comédie toujours aussi drôle que tendre.

Des dresseurs d’Idéfix sur le tournage de Astérix : Mission Cléopâtre disant de lui qu’il « parle le chien » au récent Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? où, en plus de prêter sa voix à Goscinny, il double aussi un toutou, Alain Chabat a toujours eu un rapport particulier au monde canin. Cette filiation a culminé en 1997 où, en guise de première réalisation, l’ex-Nul sort Didier,  une comédie où un labrador se transforme en humain. Humain qu’il incarne bien entendu. Mais ce chien garde un comportement de son espèce : petits jappements, langue pendante, regard niais et surtout une passion pour sentir les culs – au grand détriment de Jean-Pierre Bacri qui joue son maître.  Chabat, on s’y méprend, est vraiment un chien. 

Pépère

Follement à l’aise avec son corps – chose déjà visible dans la course-poursuite dans La Cité de la peur d’Alain Berbérian (1994) ou dans sa danse à poil dans Gazon Maudit de Josiane Balasko (1995) – Chabat convoque les rois du burlesque, Keaton, Chaplin et aussi d’une certaine façon l’art de la grimace dans le bon timing de De Funès. Le film raconte cette souplesse : le chien Didier s’avère très doué pour jouer à la baballe et devient, le temps d’un soir, une star de foot au parc des Princes. De ce premier film, toujours aussi hilarant, se dégage la pureté si chère à tous les fans de l’acteur-réalisateur. Son humour bienveillant prédomine, les copains sont là (Chantal Lauby, Dominique Farrugia, Josiane Balasko, les frères Serge et Michel Hazanavicius, et, autre époque, Dieudonné). Didier est aujourd’hui un reliquat de la grande époque de la famille Canal + qui cherchait à conquérir le cinéma (cf cette excellente vidéo du Ciné-club de M. Bobine qui revient sur la question). Si, à l’époque, Chabat n’est qu’un des multiples talents issus de cette écurie, Didier indique déjà qu’il a quelque chose en plus, à la fois dans son jeu mais aussi dans sa réalisation. 

Si la forme reste assez simple, le cinéaste s’amuse ici et là avec les moyens de l’époque : un morphing de la tête de Bacri en chien, une immense scène au Parc des Princes nécessitant des moyens importants ou encore un chien qui parle dans la scène finale, labiales approximatives à l’appui. Surtout, fort de ses expériences avec les Nuls et de son sens du pastiche, il arrive à créer un rythme comique sans temps faible – chose finalement assez rare. Didier n’est pas un pastiche, et trouve sa beauté aussi dans ses scènes premier degré, tout en se nourrissant du genre. Cet art du mélange si cher à Chabat trouvera son sommet cinq ans plus tard avec le triomphe de Astérix : Mission Cléopatre, à la fois vraie belle adaptation des BD de Goscinny et Uderzo et melting-pot référencé (là encore voir la super vidéo de La Manie du cinéma en collaboration avec Calmos). Depuis, Alain Chabat n’est plus un des talents passés par Canal + : il est le grand nom sorti de cette écurie, le chouchou du public, le maître des jeux de mots nuls et des imitations de Chewbacca.

DIDIER

Alain Chabat (1997)
Pathé
En combo DVD-Blu-ray le 2 novembre 2022

En bonus, un commentaire audio avec Alain Chabat et Dominique Farrugia, comme il n’en existe presque plus dans les éditions vidéo. C’est donc un document précieux et con comme on les aime. Quant au making-of, rien que son nom donne envie de le regarder : c’est le making-woof. Là encore con et précieux.

Catégories : Critiques

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La grande recommandation de Noël ! · 20 décembre 2022 à 16 h 44 min

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