Adapter sur scène Showgirls, le sulfureux film de Paul Verhoeven (1995), « à l’heure du réchauffement climatique, de #post-metoo, des gender studies et de RuPaul’s Drag Race », c’est l’idée un peu timbrée de Jonathan Drillet et Marlène Saldana pour leur spectacle, Showgirl, qui s’est joué début mars à Chaillot – Théâtre National de la Danse. 1h25 en musique dans la folie de Las Vegas.

La showgirl, c’est elle, Marlène Saldana. La danseuse-comédienne (qui a joué au cinéma chez Christophe Honoré ou Arnaud des Pallières, mais surtout connue des amateurs de théâtre) est l’héroïque héroïne de ce quasi seul en scène – son complice Jonathan Drillet jouant un délicieux rôle de faire-valoir. A la manière d’une comédie musicale électro-pop (la musique est de Rebeka Warrior, et disponible en EP), Marlène Saldana rejoue plusieurs scènes du film culte de Verhoeven, tout en les commentant dans des chansons entêtantes. Le tout sur une scénographie délicieusement kitsch, reprenant notamment le volcan éruptif en carton-pâte avec son feu de la scène du Stardust – dans le film – et y ajoutant également un chandelier mobile en forme de sexe masculin que n’aurait pas renié les chantres du bon goût de la cité du pêché. Il faut dire que si le film de Verhoeven est loin d’être exempt de full frontal nudity de la part de ses actrices principales, les hommes y semblent plus timides à se dévêtir – tout au plus voit-on les fesses de Kyle MacLachlan. Si Saldana et Drillet s’amusent de ce paradoxe, pour autant ils l’affirment : ils adorent le film de Verhoeven, avec tous ses défauts, ses limites et sa mise en scène parfois too much

 

Peut-on faire plus fidèle à l'esprit de Showgirl que ce chandelier géant en forme de phallus ?

Dans leur spectacle, ils commentent souvent souvent le film qu’ils reproduisent, sa légende, les difficultés qu’a rencontré Elizabeth Berkley par la suite, etc. Cela donne lieu à des moment particulièrement drôles, où sont aussi cité pêle-mêle, Crimes et Délits de Woody Allen (1989), Killer Joe de William Friedkin (2011), Ivan le Terrible d’Eisenstein (1944 et 1946) et même le chanteur R’n’B Usher. Difficile de résister à l’envie de partager les meilleurs blagues, mais le duo abreuve généreusement en anecdotes, racontés comme à un dîner entre potes, et qui plairont au cinéphile, qu’il crie « chef d’oeuvre » ou « nanar » quand on lui parle de Showgirls. Des discussions à la cool, qui offrent des respirations dans un show ultra-jouissif riche en chansons, danses et même pyrotechnie, qui donnerait presque envie de faire du stop jusqu’à Vegas.

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