AU SOMMAIRE DU N°2

Automne 2018

Fritz Fuhrken- Dans le feu des obus à la Somme - 1919
Fritz Fuhrken, Dans le feu des obus à la Somme
1919 — Camp Colsterdale, Yorkshire

L’Édito :
Il faut tenter de vivre

Le hasard des choses fait que le mois de novembre 2018 marquera deux anniversaires : celui d’une blessure de l’Histoire, la fin de la Grande Guerre, et celui d’une blessure contemporaine, les attentats du 13 novembre. Les deux événements n’ont a priori rien à voir, si ce n’est qu’ils nous interrogent sur le deuil de masse et le deuil collectif. Et plus encore, comment le cinéma l’absorbe, ce cinéma qui ne peut pas (ou plus) sauver le monde, mais qui, peut-être, est à même de rouvrir quelques plaies pour mieux les refermer.

De ce fait, l’armistice de 1918 a irrigué un monde nouveau. Dans les roaring twenties, on se dit que tout est possible – sans perdre de vue le spectre de la Der’ des Der’, car il ne faut pas oublier. Il ne faudrait pas que cela recommence. Le cinéma connaît en vingt ans un nombre effarant de mutations qui, à chaque fois, reposent ces questions : comment aborder, dans l’ère de l’après, ce sujet ; comment poser de nouvelles questions ; comment transformer le deuil en espoir. Ou en mise en garde.

À bien des égards, ces films, dont certains ont désormais cent ans, semblent autant « d’actualité » qu’autrefois. Justement parce qu’ils illustrent parfaitement ce paradoxe qu’être « Histoire » ne veut pas forcément dire être « passé ». Quand Abel Gance fait dire à son héros utopiste de J’accuse (1938) : « J’accuse les négligents, les imprévoyants, les égoïstes, d’avoir laissé l’Europe se diviser, alors que le sang versé aurait dû créer une alliance européenne indivisible ! », on se prend de plein fouet ce réquisitoire, d’autant plus aujourd’hui.

On se retrouve alors, un peu trop plein d’émotions, avec ces deux hommages en tête, à concilier l’inconciliable. Peut-être de nouveau à l’aube d’un monde nouveau, peut-être pas. Et puis repenser, encore, aux mots de J’accuse : « Mais pour vivre, il faut se battre ! – Non, il faut aimer. »

REVOIR : 1918 – FILMER UN MONDE NOUVEAU

• 1914 – 1918 : Ah Dieu ! Que la guerre est jolie

• 1918 – 1928 : La pellicule pour panser

• 1929 – 1939 : Entendre la guerre, voir la paix

• Abel Gance, face à l’Histoire

• T’as beau pas être beau

• Monstres et merveilles

• À la recherche du mort peut-être vivant

• La guerre sans fin – Entretien avec Bertrand Tavernier

CORRIGER

• Ingmar Bergman à travers le miroir de la pop culture

• Toucher à la fin de l’envoi – Entretien avec Jean-Paul Rappeneau

• « L’avenir de la cinéphilie, c’est le patrimoine » – Entretien avec Jean-Baptiste Thoret

Et aussi : Ceux qui m’aiment prendront le train, Adieu Bonaparte, Anatahan, Under Fire, La Religieuse, Rue des cascades, L’Année dernière à Marienbad, La Belle marinière, Les Dames du bois de Boulogne, Borsalino, The Last Picture Show, Saint Jack, L’Au-delà, Mon Oncle d’Amérique, Breaking Away, Le Pornographe, La Dame de Shanghaï, La Ciociara, Angel Terminators 1 & 2, Embrasse-moi idiot, Max mon amour, Near Dark, Six Femmes pour l’assassin, Sans mobile apparent, La Loi de Lynch, Cléopâtre, Les Conquérants d’un nouveau monde, Daïnah la métisse, Le Départ, La Grande attaque du train d’or, Passe-montagne, Double messieurs, Mischka, La Nuit des généraux, Batman contre le fantôme masqué, Au Grand balcon, Pauvres mais beaux, Belles mes pauvres, Pauvres millionnaires, Le Troisième homme, Première désillusion, L’Homme de Berlin

TRAVERSER

• Une décennie sous influence : Tropic Thunder – Y a-t-il une comédie pour sauver Hollywood ?

• Pour une poignée de minutes : 1977 – 1980 Anarchy in Japan

• Portrait : À la recherche de la bobine perdue – Entretien avec Jérôme Wybon

• Rendez-vous : Patrimoine à la bolonaise – Il Cinema Ritrovato

• Conseils : Livres

• Une bouteille à la mer : Le Forum désimagé

Crédits images : Couverture – Illustration originale de Neven Udovičić © 2018 DR. / Édito – Fritz Fuhrken, Dans le feu des obus à la Somme © 1919 Camp Colsterdale, Yorkshire / Il était une fois dans l’Ouest © 1968 Paramount Pictures / Das Boot © Bavaria Film, Radiant Film GmbH, Süddeutscher Rundfunk (SDR), Westdeutscher Rundfunk (WDR) / Thierry Henry, Vincent Candela, Aimé Jacquet et Zinédine Zidane © 1998 AFP DR.