AU SOMMAIRE DU N°7

Été 2020

L'Édito :

Contexte ?

Cela faisait longtemps que nous voulions faire ce numéro sur le sexe – le sempiternel numéro estival sur le sexe, on nous l’a d’ailleurs reproché sur les réseaux sociaux. Le fait est qu’il y avait ces histoires à dire ou parfois redire, connues ou non, érotiques, pornographiques ou plus conventionnelles, et qui parfois, malgré leur ancienneté, en disent encore long sur notre rapport à la sexualité (au-delà même du cinéma). Un sujet qui force à aborder des œuvres parfois décrites, aujourd’hui, comme problématiques – pourquoi pas, car si elles ne l’avaient pas été, si elles n’avaient pas soulevé ces problèmes, il n’est pas dit que nous en parlerions encore. D’où cette couverture avec Hedy Lamarr dans le film tchécoslovaque de 1933 Extase, en plein orgasme ; le premier, féminin, de l’histoire du cinéma. Mais Extase a aussi une genèse un peu ambiguë, dont il est question dans les pages qui suivent, histoire de rappeler avec justesse que si on a la chance d’avoir tant de décennies de recul sur ces œuvres, c’est bien pour comprendre qu’un regard binaire n’a que peu d’intérêt, et que la division entre « bon » et « mauvais », dont il est souvent question en matière d’art problématique, trouve vite ses limites. Ce qui, au fond, rend caduc le débat actuel sur la recontextualisation des œuvres, qui sont toujours recontextualisées, explicitement ou implicitement, parce que le cinéma est daté et datable (même quand il est intemporel), parce qu’il donne la température des époques qu’il a traversées. Ainsi sont datées et datables toutes les parties anatomiques figurant dans les pages suivantes. D’ailleurs, il tombe bien, ce sujet sur le sexe, maintenant que le Sénat, sous couvert de protection des mineurs et d’un lien de causalité étrange avec la violence conjugale, a adopté un amendement visant à réduire l’accessibilité du porno en ligne – avec un système d’identification via FranceConnect (piste apparemment abandonnée) ou carte bleue. Un accès réduit à l’image, qui a aussi ses raisons, son contexte – une pénurie de législation sur le porno depuis 2002, avant l’explosion de la production et diffusion internet. Des regards à encadrer, encore et toujours, de peur et que les mauvais yeux ne se retrouvent devant les mauvais contenus.
Marc Moquin, rédacteur en chef

REVOIR : SEXE DANS L'HISTOIRE DU CINÉMA

• Les ébats sans voix

Extase, ou l'éclosion orgasmique

• Une extase restaurée

• Actrices et Pré-Code

• Libérée, sexploitée

• De l'art et du cochon

• L'homme qui ne voulait plus être Monsieur Emmanuelle – Entretien avec Just Jaeckin

• Le sexe pur de Verhoeven

• Le sexe interdit

• Le porno comme un excès d'imaginaire – Entretien avec Christophe Bier

• Rêves et cauchemars : fictionnaliser le X

• Gloire et misères d'un petit commerce de cinéma (pornographique)

• Affaire classée X

• Camera erotica – Entretien croisé avec Bertrand Mandico et Yann Gonzalez

CORRIGER

• David Cronenberg : La chair, l’esprit, le métal et le sang

• Beau, oui, comme Bo Wi(derberg)

Et aussi : Mo’ Better Blues, Jungle Fever, Seuls sont les indomptés, Moscou ne croit pas aux larmes, Blue Collar, Full Alert, Toni, Point Limite, Vij ou le Diable, Je suis vivant !, La Bête tue de sang froid, La Poursuite impitoyable, Pluie noire, Elephant Man, A Hero Never Dies, La Rumeur, Le Sillage de la violence

Toi l’étranger… Toni, de Jean Renoir (1935)
Toni 1

TRAVERSER

• Une décennie sous influence : Retour à Tibhirine

• Le Professionnel de la profession : Réinventer La Roue – Entretien avec François Ede

• Portfolio : Un Suisse à Alger

• Conseils : Livres

• Politique des auteurs : Profession, passeur de genre(s) – Entretien avec Jean-Pierre Dionnet

• Une bouteille à la mer : Tous en salles !

Crédits images : Couverture – Photogramme d’Extase © 1933 Elektafilm, Národní filmový archiv – Retouchée par Morgane Flodrops, Tous droits réservés / Édito – Extase de Sasha Grey © DR