Festival de cinéma de patrimoine à Saint-Denis, les journées cinématographiques dionysiennes sont un évènement cinématographique immanquable dans le nord parisien. Retour sur la soirée d’ouverture placée sous le signe de la rébellion avec Another Day in Paradise de Larry Clark.

Face à la Basilique des Rois de France, l’Hôtel de Ville de Saint Denis. Les murs de la Salle des Mariages, où se tient la cérémonie d’ouverture du festival, évoquent chacun des mois révolutionnaires, de Brumaire en Germinal. Premiers signes de rébellion. Le maire France Insoumise Laurent Russier s’apprête à déclarer ouvertes les 18ème journées cinématographiques dionysiennes, consacrées cette année aux rebelles au cinéma. Il arbore au revers de sa veste un pin’s “JO de Paris 2024”. Pour certains, une contradiction politique plus qu’apparente. Pour d’autres, un autre signe de rébellion discret, clin d’œil au thème de l’édition 2018 du festival : les rebelles au cinéma.

Un petit cocktail plus tard, et la foule dionysienne, réchauffée par le vin, est invitée à faire quelques pas dans la neige pour rejoindre la grande salle de l’Ecran, cinéma municipal et associatif, centre des activités du festival. Après quelques mots du directeur du cinéma et du responsable de la programmation, suivi d’un discours laconique par Larry Clark himself (« enjoy the film »), la salle s’assombrit, le film commence.

Tourné en pellicule Kodak EastmanColor, Another Day in Paradise est un film de 1999, mais semble tout droit sorti des années 1970, époque bénie du cinéma indépendant américain. Variation sur le thème de Bonnie & Clyde, le deuxième film de Larry Clark suit un (très) jeune couple (Vincent Kartheiser et Natasha Gregson Wagner, fille du couple mythique Nathalie Wood-Robert Wagner, subrepticement revenu dans l’actualité ces derniers jours…) embarqué par un couple plus âgé (James Woods et Melanie Griffith) dans des aventures de braquages sur les routes du Midwest, entre drogues, violence, et musique soul et funk. Another Day in Paradise est de ces films « à ambiance », procurant un plaisir cinématographique aussi intense que difficilement explicable. Quelque part entre True Romance de Tony Scott et Kill Bill 2 de Quentin Tarantino, dont la figure paternelle et virile de Bill (David Carradine) rappelle celle de Mel (James Woods) dans le film de Larry Clark.

Un plaisir cinématographique d’autant plus fort que le film était projeté à Saint Denis dans une pellicule 35mm abîmée juste ce qu’il faut. Alors, pendant 1h41, on n’était plus à Saint Denis. On était dans un vieux cinéma légèrement embué par la fumée des cigarettes, quelque part entre Minneapolis et Kansas City, à une époque indéterminée, entre les années 1970 et 1990. On était bien. Prêts pour encore une semaine d’échappées et de plaisirs cinéphiliques.


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