Du 23 au 29 janvier 2019, Revus & Corrigés est partenaire de la 6e édition du Festival Viva Patrimoine, qui se déroule au LUX, la scène nationale de Valence. Au programme, des films restaurés, évidemment, mais aussi des spectacles, des ciné-concerts, des expositions et des rencontres pour faire vivre, aimer et fêter le cinéma retrouvé.

Au LUX, toutes les formes artistiques se côtoient, du théâtre aux installations en passant par le ciné-concert, le concert dessiné ou la danse. La création contemporaine s’allie au patrimoine pour faire battre le cœur des spectateurs et faire résonner les œuvres présentées. Et Viva Patrimoine ne déroge pas à la règle : « la vitalité du cinéma est puissante et sa mémoire ne demande qu’à être partagée » comme l’écrit la directrice du théâtre, Catherine Rossi-Batôt dans son édito. Revus & Corrigés n’aurait pas mieux dit.

Après l’hommage à Henri-Georges Clouzot en 2018, la sixième édition de 2019 célèbre Youssef Chahine, à l’occasion de la grande rétrospective qui lui est dédiée suite à la restauration d’une grande partie de ses films. Youssef Chahine (1926-2008) incarne, en France (pays auquel il est émotionnellement lié, sa femme étant française) comme en Occident en général, presque à lui tout seul, un cinéma égyptien multiculturel, inventif et engagé. Du drame à la fresque historique napoléonienne en passant par la comédie musicale, les films de Youssef Chahine mêlent divertissement et combat.

youssef chahine

Trois films du cinéaste égyptien seront présentés par Revus & Corrigés le vendredi 25 janvier. Le premier, Ciel d’enfer (1954), son sixième film mais également sa première collaboration avec Omar Sharif, raconte l’histoire d’un jeune agronome mettant son éducation au service des paysans de son village contre le pacha local qui tentera tout pour le déconsidérer. La même année, en 1954, la toute jeune république égyptienne a été proclamée, abolissant la monarchie. Un film terriblement actuel sous influence hitchcockienne.

Le deuxième film sera Gare centrale (1958), un mélodrame entre les murs de la Gare centrale du Caire dans lequel Chahine passe devant la caméra. Il interprète alors Kenaoui, le vendeur de journaux boiteux et simple d’esprit, épris et déçu de la belle Hanouma laquelle doit se marier au charismatique porteur de bagage. Très personnel, parfois néo-réaliste et sombre, considéré comme scandaleux à sa sortie, le film évoque des sujets très délicats comme la frustrations sexuelle masculine et le désir de pouvoir. Gare centrale annonçait le virage que prit la filmographie de Youssef Chahine dans les années 70, un cinéma à la première personne dans une culture arabe pour laquelle le « moi » tend à être haïssable.

Le troisième film présenté par Revus & Corrigés sera Le Retour de l’enfant prodigue (1976). Marqué à nouveau par le mélange des genres, il raconte la sortie du jeune Ali de douze années d’emprisonnement politique à cause de ses positions progressistes. Brisé par cette incarcération, rien de ce retour en famille ne se passe comme prévu. Librement adapté du roman d’André Gide, il s’agit d’une des œuvres les plus douloureuses de Youssef Chahine, clôturant son « cycle de la défaite », inspiré par celle de l’Egypte, de la Jordanie, de la Syrie et du Liban lors de la guerre des Six jours face à Israël en 1967. Ce cycle, composé du Choix (1970) et du Moineau (1973) révèle une modernité narrative, revitalisant le classicisme baroque du cinéma de Chahine.

 

Cette programmation en hommage au réalisateur égyptien s’ouvre avec un concert-conférence autour du processus musical de création de Chahine, pour qui la comédie musicale a toujours eu une grande importance, et fut un média léger et fantaisiste capable de laisser transparaître l’engagement politique de ses œuvres. La conférence sera donnée par Amal Guermazi, chercheure à la Cinémathèque française, qui interprètera au violon quelques musiques phares de l’œuvre du cinéaste. Une exposition de photographies de Bernard Plossu accompagne également cette programmation. Parti dans les années 70 sur les rives du Nil, il réalisa, nourri de l’esthétique de la Nouvelle vague et de la contre-culturel américaine, des clichés fluviaux et ruraux « en hommage à l’humanisme de Youssef Chahine ».

Youssef Chahine sera également à l’honneur dans le prochain numéro de Revus & Corrigés.

 

Viva Patrimoine sera également l’occasion de redécouvrir la filmographie exceptionnelle de King Vidor. Né en 1894, King Vidor lui-même disait être né en même temps que le cinéma : « J’ai grandi avec lui et j’ai évolué en même temps que lui ». De La Grande Parade (projeté en ciné-concert jazz et à retrouver également dans les pages du 2e numéro de Revus & Corrigés) à Duel au Soleil, du muet au banjo de Kirk Douglas en passant par le film à costumes, King Vidor est l’auteur d’une « œuvre que l’on peut dire complète » d’après les mots du critique Louis Marcorelles.

lux-viva-patrimoineToutes les séances du Festival Viva Patrimoine seront présentées aux spectateurs par des passeurs et passeuses, journalistes, chercheurs, professionnels du cinéma, ou créateurs, invités à partager leur approche des films et à revisiter cette mémoire du cinéma grâce aux versions restaurés.

Vous pouvez retrouver le programme complet de Viva Patrimoine sur leur site internet.

Les deux premiers numéros de la revue seront en vente sur place.

 

 

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