Le Galopin (1929), l’un des premiers courts-métrages de Yasujirō Ozu, récemment restauré, est actuellement disponible gratuitement en streaming sur Le Cinéma Club. L’occasion de se replonger dans les premiers pas du maître japonais, qui sera de nouveau, cet été, au centre d’une rétrospective.


 

Ozu tourne à l’âge de 26 ans Le Galopin (突貫小僧, Tokkan kozō), un court métrage drôle et touchant ; l’histoire d’un jeune garçon, Tetsubo, se réjouissant d’être kidnappé du moment que ses ravisseurs, Bunkichi et Gontora, peuvent supporter sa compagnie. C’est avec une tendresse singulière que Yasujirō Ozu nous dévoile la nature des différents protagonistes, alors les ravisseurs se révèlent être aussi joueurs qu’autoritaires, le jeune Tetsubo est plus turbulent que prévu. Le cinéaste illustre ainsi poétiquement la déambulation de ses personnages, notamment par des plans à hauteur d’enfant, aussi connu sous le nom de “plan tatami”, une signature qu’il arbore tout au long de sa carrière en fabriquant lui même ses pieds de caméra.

Ce court-métrage met en lumière la fascination de Yasujiro Ozu pour le cinéma américain de cette période, notamment inspiré des comédies burlesques de Harold Lloyd. Une forme de mélancolie émane cependant du personnage joué par Tomio Aoki, premier rôle principal de l’enfant star. Malgré ses espiègleries et son apparence, il apparaît parfois comme adulte enfermé dans un corps d’enfant, à l’instar des géants du muets qui, à travers leurs personnages, ont pu déroger aux règles imposées par toutes formes d’autorités, par leurs gestuelles souvent empreintes d’une candeur enfantine.

galopin

Tourné en trois jours et en format 35mm, l’histoire fut écrite par Nozu Chuji, un pseudonyme pour quatre collaborateur :  Noda Kogo (collaborateur d’Ozu sur 13 de ses 15 films d’après-guerre), Okubo Tadamoto, Ikeda Tadao (co-scénariste sur Histoire d’herbes flottantes (1934)) et Ozu lui même. L’acteur Tomio Aoki continua à travailler avec Yasujirō Ozu par la suite dans Gosses de Tokyo (1932) ou Cœur Capricieux (1933); ainsi qu’avec d’autres grands cinéastes de cette période comme Mikio Naruse dans Après notre séparation (1933).

Le Galopin était considéré comme perdu, jusqu’à ce qu’une copie soit retrouvée, en 1988, en format 9,5mm. Aussi appelé « Pathé Baby », ce format de pellicule était très populaire notamment pour la diffusion de comédies burlesques dans l’entre-deux-guerres française. Plus récemment, huit minutes du films en 9,5mm ont été découvertes par le Kyoto Toy Film Museum qui, en partenariat avec le laboratoire de restauration numérique de l’Université de Rochester, donnèrent une seconde vie à l’une des premières œuvres du légendaire cinéaste japonais.


 

Le Galopin est disponible gratuitement une semaine sur la plateforme franco-américaine Le Cinéma Club, en version restaurée et inédite.

La rétrospective “Ozu, le retour”, de Carlotta Films, se tiendra à partir de 31 juillet.

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