L’INTRIGUE
Pensionnaires d’une maison de retraite en Floride, Art, Ben et Joe vont régulièrement se baigner dans la piscine d’une villa voisine à l’abandon. Un jour, ils remarquent la présence de cocons géants dans l’eau. Les trois compères retrouvent soudain l’énergie de leurs vingt ans et voient tous leurs problèmes de santé s’envoler. Mais ces cocons aux pouvoirs magiques sont en réalité des extraterrestres en hibernation que leurs semblables, déguisés en humains, veulent ramener sur leur planète…
Un film de Ron Howard
avec Don Ameche, Wilford Brimley, Brian Dennehy
États-Unis – 1985
Rencontres du troisième âge
Solo fut certainement l’un des grands flops de cet été 2018. En bon capitaine, Ron Howard orchestra le service après-vente de cet échec général, malgré qu’il ait repris au pied levé la mise en scène, suite à l’éviction de ses réalisateurs initiaux. La fortune ne lui a pas sourit cette fois-ci, contrairement au milieu des années 1980 où il ne remerciera jamais assez le scepticisme des exécutifs de la 20th Century Fox à l’égard de Robert Zemeckis, le premier réalisateur engagé sur le projet qui deviendra Cocoon.
Howard barbotait alors joyeusement dans les bons chiffres au box office de sa comédie fantastique Splash. Sur la sellette après les mauvais scores de Crazy Day et La Grosse magouille, les studios ne laissèrent d’autre choix à Zemeckis que de céder sa place, craignant que le retard accumulé sur son nouveau À la poursuite du diamant vert ne débouche sur un énième raté. La revanche de ce dernier fut d’autant plus belle en s’emparant de l’année 1985 avec son Retour vers le futur, mais ne retire pas moins de mérite à Ron Howard à répondre à la commande exécutée que fut Cocoon.
L’accomplissement du quatrième long-métrage de Ron Howard est assez curieux par ailleurs. Sa version blu-ray sort chez nous dans le sillage de celle du Ready Player One de Steven Spielberg. Cela ne tient rien du hasard, car Cocoon fait partie intégrante de ce corpus de blockbusters américains devenus objets de ce culte régressif ayant cours actuellement. Déjà, J.J. Abrams usait de sa splendide bande originale composée par James Horner pour une bande-annonce de son Super 8 (2011), œuvre composite matricielle de cette vague nostalgique de ces films des années 1980.
S’ouvrant pourtant à la fenêtre de la chambre d’un astronome en herbe, Cocoon va prendre finalement à contrepied cette fameuse série de films dont les héros sont une bande de gosses dans une banlieue tranquille. Les jeunes castings d’E.T., Stand By Me et autres Goonies sont remplacés ici par de petits vieux résidant dans une maison de retraite de Floride triste à mourir, soit l’un des éléments les moins vendeurs à Hollywood. Mais une belle alchimie se créée à l’écran. Le réalisateur trentenaire ne se démonte pas et travaille habilement avec ces comédiens mis de côté par une industrie courant après la jeunesse et la beauté.
Tiré d’un roman non publié de David Saperstein, le scénario de Tom Benedek reprend à son compte le mythe de la fontaine de jouvence en l’adaptant pour des américains dopés à la science-fiction grand public. Se télescope alors ce second récit d’extra-terrestres venus récupérer les leurs, enfermés dans des cocons sous-marins. Récompensés d’un Oscar à l’époque, les effets spéciaux prennent un sacré coup de vieux en haute définition. Ils dénotent encore plus l’artificialité de cette partie fantastique de l’histoire, alors qu’il émane une tendresse non feinte de la part de Ron Howard pour ses joyeux retraités, particulièrement impliqués dans leurs rôles plus complexes qu’il n’y parait.
Tout en maintenant sa légèreté de ton prévue, Cocoon va progressivement dépasser le stade de la comédie fantastique dans la lignée d’un épisode de La Quatrième dimension. Le film touche vraiment au cœur en bifurquant naturellement vers des réflexions plus profondes sur la maladie, la fin de vie, la mort et le deuil. Loin de l’approche plus paresseuse de sa suite opportuniste de 1988, Cocoon trouve sa force, non pas dans ses quelques séquences spectaculaires, mais bien dans la simplicité de ses moments humains entre ses protagonistes les plus anciens. C’est cette surprenante combinaison qui donne encore aujourd’hui toute sa saveur à redécouvrir cette fable pleine de douceur et de bienveillance.