Dans la pénombre et la chaleur d’un été finissant, rencontre avec Philippe Garnier, le Frenchie le plus américain des journalistes français. Sans lui – et quelques rares autres – David Goodis, John Fante, James Crumley ou Charles Bukowski seraient restés au purgatoire. Sans lui, jamais la mythique émission Cinéma Cinémas n’aurait hanté nos mémoires de cinéphiles, avec ses précieuses pastilles nonchalantes sur la lancinante musique de Laura, consacrées à Richard Widmark ou à Edward Dmytryk. Quelques ouvrages et livrets de DVD plus tard, voici qu’il exhume la figure du grand Sterling Hayden, écrivain acteur bourlingueur dont la carcasse massive marque irrémédiablement Quand la ville dort de John Huston, Docteur Folamour de Stanley Kubrick, ou Le Privé de Robert Altman. Pourquoi Sterling Hayden ? Dialogue dans un transat aux abords du festival Lumière.

A quand remonte votre volonté d’écrire un livre sur Sterling Hayden ?

Pour moi, Sterling Hayden, c’était du passé. Je croyais avoir fait le tour de la question en ayant écrit sur lui et l’ayant interviewé pour Cinéma Cinémas en 1983 et 1984. Il y a un an et demi, en rangeant chez moi, je tombe sur une cassette audio non-étiquetée. La bande s’ouvre sur le bruit du vent, pas de paroles, juste des câbles sur un mât. Puis retentit la voix de Sterling Hayden, lisant un texte. Commence un soliloque, sans que personne n’intervienne. Ce document me fascine. Il est également dérangeant, car Hayden dérape un peu, s’éclipse, revient, tombe dans le pathos pour redevenir grandiose. J’en parle à Manuel Chiche de La Rabbia, sans avoir idée de quoi en tirer. Peut-être un 45 tours ! Il me propose un CD, accompagné d’un livre illustré. Parallèlement, très vite, j’apprends que Hayden avait légué tous ses papiers et documents à une institution bostonienne, le Howard Gotlieb Archival Research Center. À ma grande surprise, je découvre que c’est lui qui avait contracté l’arrangement – habituellement, ce sont les proches qui s’en occupent. Il y avait des scrapbooks tenus par sa mère, des photos de croisière, ses tours du monde, ses télégrammes. C’était formidable ! Outre sa correspondance, y figurent ses manuscrits. Il faut rappeler qu’il est l’auteur de deux livres, Wanderer et Voyage. Ses manuscrits témoignent d’un travail dément ! Il ne se contentait pas d’une autobiographie. Il prenait son activité d’écrivain très au sérieux. C’est d’ailleurs peut-être la seule chose qu’il prenait au sérieux. Très vite, je m’aperçois que je n’avais pas tout à fait compris ce qui le rendait si compliqué, si attachant et si triste. J’avais toujours pensé que sa fêlure provenait du fait qu’il avait balancé ses copains et s’était écrasé devant la HUAC [Commission sur les activités antiaméricaines, mises en place par les parlementaires durant le maccarthysme, ndlr]. En fait, cela remontait bien avant. Il était fêlé de partout très tôt.

« Faire l’acteur a toujours été pénible pour Hayden, jusqu’à ce qu’il découvre le haschisch, qui va complètement le libérer. »

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Philippe Garnier à dans le Hangar du Premier Film, au festival Lumière, à Lyon.

Pour autant, vous ne procédez pas à une psychanalyse de comptoir…

Non, je n’ai pas voulu faire de psychanalyse de drugstore ! Un élément m’a à la fois compliqué et facilité la tâche : je découvre qu’un autre Américain, Lee Mandel, un ancien physicien de la Navy, a farfouillé dans les archives de Hayden, et a publié un livre, Les Guerres de Sterling Hayden. Comme ses archives sont privées, il faut obtenir l’aval de la famille pour y accéder – ce que j’ai obtenu. Sauf que Lee Mandel y est allé en premier. Il s’est donc tout farci, notamment ses rapports de faits d’armes, ceux des services de l’OSS, ceux du FBI, etc… Son bouquin sort quelques mois avant que je n’entreprenne mes recherches, en juillet 2018. A ma grande surprise, le livre se concentre sur la guerre et ses démêlés avec la Commission anti-américaine. Certes, sa biographie va de son enfance à sa mort. Mais quand on la lit, on a l’impression qu’il n’a jamais été acteur. On se demande même pourquoi il s’intéresse à Sterling Hayden, quoi qu’on pense de ses prestations ! Or non seulement Hayden détestait faire l’acteur, mais il se méprisait et se prenait pour un imposteur. Faire l’acteur lui a toujours été pénible, jusqu’à ce qu’il découvre le haschisch, qui va complètement le libérer. Il y a toute une période de sa carrière où il fallait lui sortir les vers du nez – souvenez-vous du Docteur Folamour : il a dû se notamment reprendre une séquences 48 fois ! Il y est formidable, mais sa prestation se fait au forceps, et c’était très pénible pour lui. Il buvait d’ailleurs beaucoup pour surmonter. Après, une fois libéré, alors qu’il résidait dans sa péniche, cachetonner lui suffisait, comme dans cette bizarrerie Le Grand Départ, réalisée en 1972 par le plasticien Martial Raysse ! Il aimait bien rencontrer du monde. Sur Noveccento de Bertolucci, il s’intéresse aux paysans, à l’équipe. J’ai interrogé l’écrivain Michael Moorcock, qui assistait au tournage de l’adaptation d’un de ses romans, Les Décimales du futur. Hayden avait raté son avion, mais il est venu et a joué de manière jubilatoire un personnage qui n’a rien à faire dans l’intrigue, et qui n’est même pas dans le roman ! Une fois ses scènes tournées, il ne voulait plus partir, mangeait avec l’équipe, filmait le tournage avec une caméra super 8… Il prenait son pied ! Il découvrait le bonheur de faire l’acteur – tout l’inverse de ce qu’il avait connu auparavant.

Donc, vous avez rééquilibré la balance, en somme ?

Oui, j’ai voulu rétablir l’équilibre avec le bouquin de Lee Mandel, très confidentiel, publié dans le cadre d’éditions universitaires, University Press of Mississippi. Je m’en suis servi tout en l’abrégeant sur la période concernant la guerre, le FBI etc… Cela m’a permis de me pencher sur les autres aspects du personnage. Etant donné qu’Hayden considérait avoir fait de la merde pendant 30 ans, Lee Mandel s’est contenté de n’évoquer que le Altman, le Kubrick ou le Huston ! Rien sur ses autres films. Or ça faisait quoi, de regarder un western avec Sterling Hayden dans les années 50 ? Quoi qu’en pense Hayden, en France, on aime Johnny Guitar. Sterling Hayden doutait beaucoup de lui-même à l’époque. Nicholas Ray s’en sert, d’ailleurs. Si son rôle avait été joué par un acteur plus classique, la bêtise du rôle serait davantage ressortie ! Là, il y a une grandeur fascinante dans sa prestation. Quand il regarde Joan Crawford, on a l’impression qu’il a vraiment envie de lui cracher à la figure ! Je souhaitais parler de ça. Je me suis donc fadé toute sa filmographie, sauf deux films : Ten days to Tulara de George Sherman, tourné au Mexique, et Tendres chasseurs,de Ruy Guerra, que je verrai lors de la rétrospective que lui consacre la Cinémathèque française. Il disait  beaucoup de bien de ce film, selon Bertrand Tavernier, qui en était l’attaché de presse.

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A partir de quel film avez-vous vraiment découvert Sterling Hayden ?

Pas avec Johnny Guitar, car je l’ai découvert dans une MJC en 16mm en noir et blanc ! Je l’ai vraiment appréhendé avec les Kubrick, et le petit nombre de westerns que j’ai pu voir en France dans les années 50. C’est vraiment sa voix que j’ai découverte.

D’ailleurs, vous écrivez même qu’avec votre livre, vous souhaitiez que les Français puissent « entendre cette voix dans la nuit »….

Je parlais spécifiquement de l’enregistrement sonore. Mais il fallait voir comment il vivait ! Il avait disposé toutes ses machines à écrire partout autour de lui : « C’est quoi, toutes ces machines ? » « Je n’en utilise aucune, parce que je n’écris pas, je suis bloqué. C’est pour me sentir coupable, me rappeler qu’il faut que je m’y mette ». C’était un mec qui entreprenait des choses formidables, et changeait d’avis immédiatement ; prenait des décisions courageuses, et finalement se défilait. C’était une girouette existentielle qui avait très conscience d’en être une ! La famille ne m’a pas donné l’accès à ses journaux intimes. Mais j’ai bien vu voyais la place qu’ils prenaient dans ses archives ! A un moment, je suis tombé sur une de ses lettres de la fin des années 70. Il est à San Francisco, il se réjouit que la Warner ait pris une option sur son roman Wanderer et soit prêt à mettre 4 millions de dollars pour son adaptation cinéma. Dans le même temps, il signe un accord avec la maison d’édition de Rolling Stone, pour publier des extraits de ses journaux. Il écrivait tout le temps !

Pourtant il se disait écrivain bloqué !

Oui, mais cela ne voulait pas dire qu’il n’écrivait pas. Ses écrits n’étaient pas des journaux intimes classiques, mais des espèces d’essais.

Avait-il des modèles en littérature ?

Oui, des modèles classiques, Stevenson, Melville, Thoreau. Thoreau n’était pas à l’aise dans son monde. Eh bien, tous ses amis disaient de Hayden qu’il n’était pas né dans le bon siècle, que c’était un mec du XIXème siècle. Il a beau avoir eu son permis de capitaine pour voiliers commerciaux à 22 ans (le plus jeune des États-Unis), l’époque de ce moyen de transports était déjà finie. Il a pratiqué la pêche au flétan en Terre Neuve pendant un an. Mais avec sa franchise habituelle, il disait l’avoir fait pour découvrir de nouvelles pratiques, tout en la détestant ! Il dénigrait toutes les entreprises auxquelles il se frottait – même celles dans lesquelles il excellait. Tout le monde disait de lui qu’il était un navigateur hors pair. Les équipiers yougoslaves avec lesquels il ravitaillait les troupes de Tito disaient que c’était un génie. Il trouvait toujours le moyen de se dénigrer. Pareil pour sa famille : il avait quatre mômes. Il avait insisté pour en avoir la garde lors de son divorce. Il jouait alors tous ses rôles à la con dans les westerns des années 50 uniquement pour pouvoir payer la nounou, la pension. Il voyait tout le temps le verre à demi-vide. Sauf pour l’écriture. Les deux livres qu’il a écrits, Wanderer et Voyage, ont été de gros succès et l’ont légitimé comme écrivain. Il en tirait beaucoup de fierté. Il fallait voir ses manuscrits, on aurait dit des livres de comptabilité à la Dickens, massifs, cartonnés, écrits et raturés à l’encre rouge, verte, noire….  Un boulot de titan ! À la moitié de sa vie, il a même entrepris une autobiographie.

« Hayden avait le malheur d’avoir de la chance. »

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Comment parlait-on de Sterling Hayden aux États-Unis : comme d’un acteur, ou un écrivain ?

Quand on parlait de Hayden, on évoquait rarement l’acteur. Dans les années 40, il était dans tous les fans magazines, et la Paramount l’avait vendu comme un carré de bœuf, « The most beautiful man in pictures » ou « The blond Viking » ! Cela l’humiliait. Il s’est tiré deux fois d’Hollywood en rompant des contrats. Mais à chaque fois, il a été repris. Pour l’Amérique des années 60, Hayden était l’homme de l’escapade tahitienne. Il avait kidnappé ses quatre enfants et les emmenait en bateau vers Tahiti, le FBI aux fesses car il défiait les ordres d’un juge ! Ca a fait la une de Life Magazine ou des suppléments dominicaux des quotidiens. Et ça, c’est du Thoreau ! Il voulait que ses enfants aient une autre expérience du monde, moins confortable que celle qu’il leur avait lui-même créée en banlieue à Sherman Oaks. Mais les enfants n’étaient pas si attirés que ça ! Sur le bateau, ils étaient à la manœuvre. Avant d’arriver à Tahiti, il y a même eu une mutinerie à bord. Hayden a donc dû mettre de l’eau dans son vin. Ils sont restés un an à Tahiti, qui se situait en zone de non-extradition. Finalement, ce long séjour n’a pas été aussi idyllique qu’il le pensait. Les enfants n’étaient pas franchement enchantés, son truc à la Thoreau ne fonctionnait pas. Et il manquait une femme, même si lui ne manquait pas de femmes… Comme je l’écris, il avait le malheur d’avoir de la chance. S’il n’avait pas eu tant de chance, il aurait peut-être été moins malheureux. Il a eu la chance de trouver une femme après Tahiti, Catherine Mc Connell ! Passé son escapade tahitienne, le juge a reconnu que son ex-femme Betty de Noon était en fait une emmerdeuse et l’a faiblement condamné à une peine symbolique, sans prison.

Comment expliquez-vous qu’en France sa carrière d’écrivain soit si peu connue ?

Ses livres ont été tardivement traduits en France. Les Américains le percevaient davantage comme un écrivain. Pour la promotion de ses bouquins, il passait à la TV où il faisait de véritables shows. Il avait une prestance, habillé de manière fantasque, mais avec style : des vestes irlandaises à chevrons, des cravates en filin de marin. Il passait dans les talk shows de Tom Snyder, à l’époque où il multipliait les séjours en cliniques de désintoxication. Il en parlait franchement, avec beaucoup de sincérité. Il parlait dope et alcool. Wanderer est un bouquin d’une originalité et d’une franchise meurtrières. Ses accomplissements de marin se résument par sa dédicace à deux personnes : Rockwell Kent, un illustrateur communiste de Moby Dick ; et à Warwick Tompkins, un capitaine mentor : « sailors artists radicals, qui ont choisi le Cap Horn, cet ouvrage leur est dédié par celui qui choisit Tahiti ». Le voyage initiatique qu’a fait Tompkins avec sa femme et ses enfants via le Cap Horn était gravé dans la mémoire de Hayden. Ca le travaillait énormément. À tel point que lorsqu’il écrit Voyages, il fait le récit d’un voyage qui passe par le Cap Horn – comme si c’était son sillice, avec lequel il se torturait.

Vous vous êtes également intéressé à d’autres écrivains américains, comme John Fante ou Charles Bukowski. Quels points communs leur trouvez-vous avec Sterling Hayden ?

Tout le monde dit que je m’intéresse aux mecs qui ont des cassures ou des destins brisés. Bukowski n’était pas cassé, il était fort comme la mort et pouvait survivre à tout. John Fante avait un énorme ego, et possédait un réservoir d’amertume qui alimentait sa fiction. Ils se sont cognés à Hollywood. J’en ai parlé dans Honni soit qui Malibu où j’ai voulu montrer comment Hollywood a affecté certains écrivains à certains moments. Hollywood a, par exemple, empêché Fante d’écrire. Comme il était bien payé pour écrire des merdes pour la Warner, eh bien, il le faisait, aux dépens de ses romans. J’en avais ras le bol d’entendre ce cliché idiot selon lequel Hollywood était le cimetière du talent des écrivains. D’abord, il faut avoir du talent pour écrire des scénarios, c’est un métier qui n’est pas forcément à la portée des écrivains. Ensuite, si cela permet de nourrir sa famille, cela vaut bien mieux que d’être pompiste ou écosseur de petits pois. S’il y a un fil conducteur commun, c’est que je suis attiré, sans en être conscient, par des mecs qui ont du mal à fonctionner dans un système bien huilé, aussi bien Grover Lewis dans le journalisme ou Sterling Hayden dans le cinéma. Des irréguliers !

Sa vie ressemble vraiment à un roman…

Je n’ai qu’une hantise : comme le livre est très beau, j’ai peur qu’on le prenne pour un « beau livre » sur un acteur glamour, comme on aurait pu le faire à propos de Gary Cooper. Or ce n’est pas la biographie d’un acteur. C’est celle d’un homme qui était, entre autres, acteur. Hayden a fait énormément de choses, beaucoup plus que ce que certains d’entre nous ont fait. Et il n’a pas trouvé le bonheur, alors qu’il avait une chance incroyable : être tombé sur Catherine Mc Connell, celle qui allait devenir sa troisième épouse, qui s’est occupée de ses quatre enfant, lui en a donné deux autres et tolérait sa conception du mariage qui consistait à se tirer tout le temps ! Autre coup de chance : elle avait un peu d’argent. Lui avait un dédain pour l’argent, bien qu’il en ait eu beaucoup. Il se faisait un devoir de ne jamais investir dans quoi que ce soit, si ce n’est les bateaux. Il a quand même acheté à deux reprises des rafiots pour les revendre aussitôt, sans avoir navigué dessus ! Il fonctionnait beaucoup par coups de tête.

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Qu’avez-vous appris sur Sterling Hayden que vous ne sachiez déjà ?

Je croyais en savoir beaucoup sur Sterling Hayden, et j’ai découvert en fait beaucoup de choses qui m’enchantent. Alors qu’il est sous contrat Paramount, il tombe un jour sur un rafiot à Los Angeles, qu’il reconnaît pour l’avoir vu côte Est. Il décide de l’acheter, sans un rond. Le patron de Paramount, qui avait Hayden à la bonne, lui fait promettre de boire moins pendant un tournage pour le lui acheter. Ce qu’il fait. C’est quand même un énorme coup de bol : on lui donne un rafiot ! Tout de suite après, il s’engage dans l’armée. Il navigue donc à peine dessus ! Puis il fait jouer ses accointances – notamment le colonel Wild Bill Donovan, fondateur de l’OSS – pour se retrouver dans l’armée avec des capitaines d’industrie, des présidents de chemins de fer, très guindés. Il déteste ça ! Avec l’argent de son épouse d’alors, Madeleine Caroll, il fait comme Bogart avec son rafiot dans Le Port de l’angoisse : il transporte des explosifs en Floride, il y a une tempête… Et se retrouve à faire ses classes de Marines. Puis baroude en Yougoslavie…C’est une fuite perpétuelle, avec de multiples contre-pieds ! Toute sa vie se déroule sur ce modèle.

Si vous aviez un ou plusieurs films avec Sterling Hayden à recommander ?

Quand la ville dort, parce que c’est la naissance de Sterling Hayden à l’écran : c’est une gueule. The Killing, parce que c’est une gestuelle. Docteur Folamour, avec lui en général Jack D. Ripper, une performance extraordinaire, même si elle a été obtenue au forceps. Surtout, il y a les rôles qui le ramènent à sa vie. Avant la marijuana : un film bizarre de Stuart Heisler, The Star, véhicule pour Bette Devis dans le rôle d’une actrice qui sombre dans l’alcoolisme. Il y joue son ex-mari, qui, ironie du sort, la tire de l’alcoolisme ! Et puis, il faut voir les rôles qu’il incarne par la suite, après la marijuana et le cannabis que lui fait découvrir James Coburn sur le tournage de Hard contract (1968) : Le Privé, en écrivain à succès bloqué, qui fait des séjours en clinique de désintox. Son interprétation, sous influence de la marijuana, est improvisée avec génie, notamment dans la scène de la plage où il évoque « un étron albinos » ! Le Privé est un exemple assez flamboyant du type d’interprétation qu’il a pu livrer à partir de ce moment, dès lors qu’il n’a plus la hantise de faire l’acteur. C’est là qu’il devient Sterling Hayden. Les jeunes metteurs en scène souhaitaient avoir Hayden pour le personnage qu’il représente. Il s’est mis à improviser très souvent. Regardez Le Roi des Gitans : toutes ses scènes avec Eric Roberts sont improvisées et sont très bonnes. Et dans la plupart d’entre elles, il était défoncé !


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Sterling Hayden, l’irrégulier, de Philippe Garnier
Editions La Rabbia
350 pages
30 euros

Après un hommage au Festival Lumière, Sterling Hayden sera à l’honneur durant une rétrospective à la Cinémathèque française, du 23 octobre au 4 novembre 2019, durant laquelle Philippe Garnier présentera plusieurs films.

Photo de Marc Moquin.

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Sylvain Lefort

Co-fondateur Revus & Corrigés (trimestriel consacré à l'actualité du cinéma de patrimoine), journaliste cinéma (Cineblogywood, VanityFair, LCI, Noto Revue), cinéphile et fan des films d'hier et d'aujourd'hui, en quête de pépites et de (re)découvertes