Eyes Wide Shut a 20 ans. L’œuvre posthume de Stanley Kubrick n’en finit pas de faire parler d’elle, admirée, décortiquée, analysée jusqu’au vertige. Dans son livre Le Dernier rêve de Stanley Kubrick, le journaliste Axel Cadieux revient sur l’un des tournages les plus longs de l’histoire du cinéma, au travers d’une soixantaine d’entretiens avec les proches collaborateurs du cinéaste afin d’explorer les méandres de ce chef-d’œuvre au mystère inépuisable.
Que représente Eyes Wide Shut pour vous ?
Je suis né en 1988, je l’ai vu pour la première fois en DVD vers 2001, je devais avoir 13 ans. C’est un film qui m’avait beaucoup marqué sans que je sache vraiment pourquoi. Il avait eu un effet très hypnotisant, un peu émoustillant aussi sans que je ne m’en rende vraiment compte. En creusant ma cinéphilie, c’est un film sur lequel je suis souvent retombé, que j’ai revu sept ou huit fois jusqu’à mes 18-20 ans. C’est l’une des rares œuvres autour de laquelle vous tournez sans vraiment parvenir à en saisir toute la portée, qui entremêle énormément de choses. J’ai eu envie de faire ce livre pour percer un peu le mystère. Un mystère que je n’ai pas réussi à totalement éclaircir, ce qui me réjouit. J’ai appris des choses, j’ai interviewé plein de gens mais il recèle toujours une part d’inconnu qui me plaît.
Quelle a été la genèse du film ?
A la fin des années 60, Stanley Kubrick acquiert les droits de La Nouvelle rêvée d’Arthur Schnitzler qu’il avait découvert dans les années 50, alors qu’il était jeune apprenti cinéaste dans le Greenwich Village newyorkais. C’était une époque où il dévorait beaucoup de littérature et de films. C’est une nouvelle qui lui parle par sa dimension fantasmatique et la manière dont elle traite de l’adultère. Il va porter ce projet d’adaptation pendant une trentaine d’années sans parvenir à le concrétiser. Il pense d’abord à Woody Allen pour le rôle principal, puis à Steve Martin. Au début des années 90, alors qu’il sent que c’est potentiellement son dernier film – il a alors près de 70 ans –, et qu’il s’agit pour lui de son projet le plus personnel, il décide d’abandonner successivement deux autres projets en cours (Aryan Papers et A.I.) pour s’y consacrer pleinement.
Quel travail de recherche avez-vous effectué ? Et comment avez-vous pu rencontrer tous ces collaborateurs ? (techniciens, comédiens)
C’est toujours compliqué avec Kubrick, car il a fait signer à tous ses collaborateurs un NDA [non-disclosure agreement, ndlr] qui ne leur donne pas le droit de parler. J’ai commencé par contacter les deux actrices qui entourent Tom Cruise dans la scène de réception chez les Ziegler, Stewart Thorndicke et Louise Taylor. La première réalise aujourd’hui des films d’horreur à petit budget à New York et la seconde est professeur de yoga à Londres. Elles m’ont tout de suite dit oui, ce qui m’a rassuré. J’ai continué ensuite mes recherches, soit par IMDB Pro pour ceux ou celles qui ont des agents que l’on peut contacter de manière traditionnelle, soit par Facebook (par exemple Louise Taylor), ou directement par Google pour ceux qui ne sont plus dans le milieu. J’ai eu des refus évidemment mais la plupart m’ont répondu favorablement. De fil en aiguille, j’ai pu interviewer près de 60 collaborateurs et comédiens entre octobre 2018 et février 2019. J’ai commencé alors à écrire le livre jusqu’en mai où j’ai obtenu enfin des réponses favorables de Leon Vitali[1] et Vinessa Shaw qui joue le rôle de la prostituée Domino. Des interviews que j’ai intégrées à posteriori dans le livre.
Avez-vous tenté de contacter Tom Cruise et Nicole Kidman ?
Oui, j’ai eu des retours de leurs agents me disant qu’ils n’avaient pas le temps. Mais comme ils ne parlent plus d’Eyes Wide Shut, qui reste un souvenir douloureux pour plein de raisons, je savais très bien qu’ils allaient dire non.
Que ces entretiens vous-ont-ils appris de plus marquant que vous ignoriez ?
Ce que j’ai adoré découvrir, c’est que le New York des années 90 recréé en studio à Londres est le New York à moitié fantasmé des années 50, qui relève davantage des souvenirs de Kubrick lorsqu’il fréquentait Greenwich Village en ce temps-là. Je ne suis pas new-yorkais, je ne m’en étais pas rendu compte à la vision du film mais quand Vinessa Shaw me dit : « Je suis new-yorkaise et un moment donné je remarque sur le plateau une cabine téléphonique rouge qui n’existe plus. Je fais la remarque à Stanley qui me dit de ne pas m’en faire. » Carmela Marner qui joue la serveuse chez Gillepsie interpelle aussi Kubrick : « Mais pourquoi veux-tu recréer New York à la perfection alors que tu m’affubles d’un truc informe que plus personne ne porte aujourd’hui ? » Kubrick lui dit de ne pas s’inquiéter. En fait, on s’aperçoit qu’il s’agit du costume que portait Ruth Sobotka, sa deuxième femme, quand il vivait avec elle à New York dans les années 50. Par cette récréation de New York, il replonge dans ses souvenirs, entre réalité et fantasme, explorant quelque chose de très intime. Ce qui m’a aussi frappé, ce sont les signes cachés. Le comédien qui joue l’un des gardes où se déroule l’orgie me révèle que Kubrick était très pénible avec la couleur bleue de la grille du château. Il voulait absolument un certain type de bleu. Il vient le voir et lui dit en tapant sur la grille : « Tu vois cette grille, c’est exactement ce bleu que je voulais ! » Il ne voyait pas pourquoi Kubrick était obsessionnel à ce point. Sam Douglas, qui joue le chauffeur de taxi, m’a raconté qu’ils ont énormément attendu avant que Kubrick ne trouve des conifères avec des feuilles vertes (le tournage se déroulait durant l’hiver). Lorsque l’on observe le plan, on ne perçoit pas que le jaune des phares du taxi, le vert des feuilles, le bleu de la grille et le rouge d’une autre voiture située de l’autre côté, forment les couleurs de l’arc-en-ciel, qui est le symbole du danger. Un symbole assez mystique pour les complotistes, qui contrôlerait les esprits. En assemblant les pièces du puzzle, je réalise que cela a une signification dans le film. On prend conscience que son sens obsessionnel du détail, qui pourrait paraître presque absurde, n’était jamais gratuit.
Que pensez-vous des interprétations complotistes autour du film ? Et pouvez-vous nous expliquer pourquoi elles ont pris autant d’importance au fur et à mesure des années, et notamment la place de la scientologie ?
Ce sont des théories tout à fait valables, car c’est un film qui part dans de multiples directions. Il est certain que la scientologie a eu une influence directe sur le film. Tom Cruise arrive sur le tournage accompagné de son entourage scientologue, ce que Kubrick ne peut pas supporter. Il décide de retourner la situation en faisant jouer à Michael Doven, le conseiller scientologue de Tom Cruise, l’un des valets de Victor Ziegler (Sydney Pollack) qui est supposé être le gourou en chef. Autrement dit, il choisit de prendre un sbire de Tom Cruise pour en faire le valet du gourou, ça n’est quand même pas anodin ! Kubrick utilise la scientologie pour mettre du sens caché là ou il n’y en a pas forcément. C’est très habile de reprendre cette situation à son compte. Courant 1997, au milieu du tournage, il apprend que sa fille Vivian est devenue scientologue. Il lui écrit une lettre de 40 pages ou il essaye de la faire changer d’avis, sans succès, ce qui l’a énormément peiné. Cette dimension sectaire nourrit le film, parvenant à un point de porosité avec le réel qui a fini par toucher Kubrick directement. C’est un film extrêmement personnel de par ce qu’il raconte et aussi de par ses conditions de fabrication. Une expérience qui l’a épuisée au point de trouver la mort, après quatre ans de travail éreintant à raison de trois heures de sommeil par jour. On retrouve également plein de références à Rosemary’s baby avec des plans assez similaires. Même la façon dont Nicole Kidman enlève sa robe dans le premier plan du film correspond exactement à la manière dont les filles enlèvent leur tenue lors du rituel. Il y a cette théorie qu’Alice serait déjà embrigadée avant que son mari ne le soit à son tour. La fin, qui est plutôt positive en apparence avec cette forme de réconciliation, une piste crédible, un peu hédoniste, recouvre quelque chose de plus sombre, à l’image de ces deux hommes qui semblent emmener la fille de Bill et Alice. Or ils apparaissent au début du film chez Victor Ziegler, ce n’est pas un hasard, il y a cette idée de pédophilie, de manipulation des esprits qui sous entend que le mal est en train de se reproduire. Peut-être que dans quinze ans, la fille des Harford fera elle aussi partie du cercle du rituel.
Kubrick était d’une exigence terrible, n’hésitant pas à virer des techniciens qu’il estimait n’être pas assez impliqués, ou faisant souffrir les actrices de la séquence d’orgie qui devaient attendre à moitié nue durant des heures. On retrouve son côté despotique, si souvent dépeint.
Oui, car il avait comme objectif de mener son film à bien, comme on ramène un bateau au port. Il avait l’envie de mettre ses acteurs dans les meilleures dispositions, de créer avec eux une relation privilégiée, ce que m’ont confirmé tous les comédiens que j’ai pu rencontrer. Julienne Davis, qui joue Mandy, la prostituée rousse victime au début du film d’une overdose chez Victor Ziegler puis qui se sacrifie lors de l’orgie et que l’on retrouve ensuite dans la scène de la morgue, m’a dit que le tournage avait très bien commencé, Kubrick écoutant les cassettes de musique qu’elle lui avait fait parvenir. Mais elle a fini par être virée – les raisons divergent, elle aurait refusée de tourner des scènes orgiaques. Il avait cette capacité à mettre en confiance mais aussi la volonté d’asseoir une domination, une emprise sur les gens. Et quand il fallait être dur, il savait être dur. Il envisageait les rapports humains comme un rapport de force permanent, qui passait aussi par le charme.
Sa collaboration avec Tom Cruise fut très intense.
Tout le monde m’a dit qu’ils étaient extrêmement complices. Mais je crois que Kubrick a un peu manipulé Tom Cruise malgré lui. C’est pour cette raison qu’il souhaitait un vrai couple à la ville parce qu’il savait qu’il allait passer un long moment avec eux et travailler ainsi la matière du couple : l’adultère, la jalousie, le secret, des thèmes présents dans le film et transposés dans leur propre vie. Le fait que Tom Cruise ne pouvait pas accéder au plateau lorsque Nicole Kidman tourne la scène avec l’officier de marine est particulièrement révélateur. Ils s’enfermaient régulièrement tous les trois pour une sorte de thérapie de couple. Pour se préparer à son rôle, Nicole Kidman avait secrètement engagé une coach, Susan Batson, sans en parler à Kubrick. S’il avait appris cette interférence entre lui et ses deux comédiens, il ne l’aurait pas acceptée parce qu’il voulait obtenir une relation privilégiée afin d’entretenir une meilleure porosité entre la fiction et le réel.
Est-ce que Tom Cruise était conscient de l’image qu’il renvoyait avec ce film ? Kubrick la malmène délibérément, jouant sur sa sexualité. Il lui fait porter un masque androgyne, un personnage le bouscule et lui lance une insulte homophobe. Kubrick semble vouloir en permanence le mettre en retrait, toujours spectateur de sa sexualité mais jamais acteur.
Je pense qu’il n’en avait pas conscience. Nicole Kidman et lui se sont tous les deux livrés à Kubrick, ce qui a sans doute contribué à l’évolution du scénario. Au milieu des années 90, ils arrivaint à un moment de leur carrière où ils étaient au sommet du public mais pas forcément de la cinéphilie ou de la critique, et c’était l’occasion pour eux de franchir un cap. Ils s’en sont remis totalement à lui. Pour eux, Kubrick était le cinéaste indépassable. Je ne suis pas sûr qu’ils se se soient posé la question de leur image. Et Sydney Pollack, qui avait tourné avec Tom Cruise sur La Firme, avait confirmé à Kubrick qu’il était capable de la plus grande dévotion s’il croyait au projet.
Parmi les nombreuses coulisses de tournage évoquées dans le livre, il y a le cas Harvey Keitel. A la lecture, il semblerait qu’il se soit bien fâché avec Kubrick.
C’est sûr qu’ils se sont fâchés. On ne quitte pas un projet comme celui-là pour des conflits d’agenda, comme l’a toujours soutenu le clan Kubrick. Plusieurs acteurs m’ont fait comprendre que cela s’est mal passé, notamment Ante Novakovich, l’assistant d’Harvey Keitel à l’époque. Il m’a raconté, avec moult détails corroborés par d’autres, une autre version qui a été en partie confirmée par Keitel dans une interview où il a déclaré qu’ils ne s’étaient pas entendus. Keitel était très heureux d’avoir été choisi par Kubrick mais les choses ont commencé à mal tourner lorsque Kubrick a refusé de lui donner le scénario, ce que Keitel déteste car c’est un acteur de la méthode qui a besoin de se préparer pour le rôle et de bien connaître son texte. Il n’a pas la réputation d’être un comédien facile, et il avait déjà été renvoyé du tournage d’Apocalypse Now[2]. Les choses ont dégénéré sur le tournage lors de la répétition d’une scène ou Kubrick lui demande de poser son verre de telle façon. Excédé, Keitel a fini par exploser le verre en demandant à Kubrick : « Est-ce que le verre est bien posé maintenant ? », avant de quitter le plateau. Ils se sont réunis alors dans la caravane de Keitel où il aurait balancé à Kubrick : « T’es un mec du Bronx, moi je suis un gars du Queens, ca va pas pouvoir bien se passer entre nous, je m’en vais. » Ils avaient quand même tourné quelques scènes dont celle dans laquelle Ziegler accueille les Harford à la réception de Noël. Ce sont des scènes réputées perdues mais enregistrées en noir et blanc sur le retour vidéo d’Elizabeth Ziegler, la steadicamer, qui en posséderait une copie.
Kubrick faisait preuve d’un perfectionnisme absolu. En témoigne son travail sur la pellicule ou il va demander à Kodak de lui fournir une pellicule qui n’existait plus, éclairant peu sur le plateau mais sur-développant la pellicule en laboratoire. Ce qui donne ce grain et cette texture à l’image si particuliers.
Exactement, il utilise cette pellicule qui vient d’un autre temps. L’empreinte visuelle du film est d’ailleurs hors du temps, avec un aspect très onirique, très éloignée de Matrix ou Fight Club par exemple, qui sont sortis la même année. L’utilisation de la pellicule en fait aussi un film du passé, qui fait référence à ses autres films. Dans une scène où Nicole Kidman regarde la télévision dans sa cuisine, on voit un extrait d’un film de Paul Mazursky[3] qui jouait le rôle principal de son premier film, Fear and Desire. Il y a aussi une référence à la chambre 237 de Shining, c’est un voyage dans sa propre filmographie.
« Je trouve fascinant que son film le plus vaporeux et insaisissable ne soit lui-même pas totalement terminé, avec une part d’incertitude, dont on ne connaîtra jamais vraiment la fin. »
Une des révélations de votre livre, c’est la présence d’une grande actrice qu’on ne soupçonnait pas.
Lors de la séquence de l’orgie, il y a des dédoublements de personnalité. Tout le monde est masqué, on ne sait plus qui est qui, ce qui est aussi vrai de la fabrication du film. Le personnage de Mandy est interprété par Julienne Davis, qui est remplacée lors de la scène de l’orgie par Abigail Good. C’est elle qui intervient au balcon mais ce n’est pas sa voix que l’on entend. Fay Masterson qui joue la colocataire de la prostituée à laquelle Tom Cruise rend visite, est retournée aux studios de Pinewood pour enregistrer sa voix en post-production. Elle m’a dit ne pas savoir si c’est sa voix que l’on entend dans le film. J’apprends finalement plus tard de la bouche de Leon Vitali que c’est en fait Cate Blanchett qui a enregistré cette voix car elle était une très bonne amie de Nicole Kidman et une actrice prometteuse. Il y a une espèce de fragmentation des corps et des voix qui sont interchangeables, on ne sait plus qui et qui et qui fait quoi. Je trouve cela fascinant. Kubrick lui-même a été la cible à cette époque d’un usurpateur[4] qui se faisait passer pour lui car personne ne savait plus à quoi il ressemblait. Il en a beaucoup souffert.
Il avait une liberté et un contrôle total sur son œuvre, la Warner semblait tétanisée à l’idée d’intervenir sur le tournage
Au sein de la Warner, il avait quelques lieutenants : Brian Jamieson, Julian Senior qui sont soumis aux mêmes règles que les techniciens et les comédiens : ils pouvaient lire le scénario, mais pas repartir avec. Kubrick faisait ce qu’il voulait dans la limite de son budget et il savait que c’était la condition essentielle de son salut et de sa liberté. Il était extrêmement inquiet de la maîtrise de son budget qui était supervisé par Jan Harlan, son beau-frère. Dans les écuries de son manoir de Childwickbury, il avait installé une équipe de comptables pour que rien ne dépasse et que la Warner n’ait rien à redire.
Ce qui est peut-être le plus troublant dans le livre, c’est vers la fin ou vous mettez en doute la version officielle qui a toujours affirmé que le film sorti en salle était le montage définitif voulu par Kubrick. Or il semble que ce ne soit pas le cas. Pourriez-vous détailler les éléments du film qui sont sujets à caution ?
L’équipe a finalisé des éléments de postproduction entrepris par Kubrick mais a aussi fait des choix que Kubrick n’avait pas décidé, au premier rang desquels l’utilisation ou non d’une voix off, celle de Tom Cruise et d’un narrateur omniscient. On peut retrouver la trace de cette éventualité dans les archives Kubrick. A priori, il n’y en aurait pas eue. Mais Kubrick travaillait ses films parfois jusqu’après leur sortie, comme ce fut le cas sur Shining où il a appelé tous les projectionnistes des États-Unis pour couper deux minutes après la sortie du film ! Tout pouvait potentiellement arriver jusqu’à la sortie, or il est mort quelques mois avant. Il réfléchissait aussi à des intertitres et à des calages de musiques qui étaient encore un peu incertains et qui auraient pu bouger ainsi que l’étalonnage de la scène de l’officier de marine dont le rendu final est un peu bizarre. De même que les corps numérisés, ajoutés dans la scène d’orgie pour la version américaine afin que le film ne soit pas interdit aux mineurs, n’auraient pas été validés par Kubrick, du moins pas de cette manière là. Le film n’était évidemment pas terminé à cent pour cent. Je pense que l’immense erreur du clan Kubrick est d’avoir fait croire qu’il était terminé, procédant juste à deux ou trois ajustements, et ouvrant ainsi la porte à un tas de théories du complot qui n’ont pas lieu d’être. On sait avec certitude que des scènes familiales ont été coupées et que le plan de la façade de l’hôtel particulier de Ziegler a même été retourné après la mort de Kubrick, respectant sa volonté car il ne le trouvait pas assez festif. Je trouve fascinant que son film le plus vaporeux et insaisissable ne soit lui-même pas totalement terminé, avec une part d’incertitude dont on ne connaîtra jamais vraiment la fin.
Le Dernier rêve de Stanley Kubrick
Axel Cadieux
Capricci, 144p., 24 octobre 2019, 16€
[1] Leon Vitali, qui interprète Lord Bullingdon dans Barry Lyndon a été l’assistant personnel de Stanley Kubrick durant plus de vingt ans
[2] Harvey Keitel fut renvoyé du tournage d’Apocalypse Now au bout d’une semaine et remplacé par Martin Sheen.
[3] Blume in love (1973) de Paul Mazursky
[4] C’est le sujet du film Appelez-moi Kubrick (2005) de Brian W. Cook.
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34 trucs pour prendre des photos originales en photo de rue. · 21 décembre 2020 à 7 h 17 min
[…] Pour son film, « Eyes wide shut », Stanley Kubrick utilisa une pellicule particulière pour obtenir le grain qu’il désirait. […]
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