Le Festival des 3 continents 2023, le cinéma autrement

Du 24 novembre au 3 décembre 2023, se tient à Nantes la nouvelle édition du Festival des 3 continents. Pierre Charpilloz revient à Nantes, et parcourt de nouveau les espaces de ce festival qui depuis plus de 40 ans nous invite à poser d’autres regards sur le cinéma et notre monde à travers une sélection de films de fiction et de documentaire d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie.

Jocelyne Saab, au chevet du Liban – Entretien avec Mathilde Rouxel

Du 17 au 28 novembre 2023, le Festival du film franco-arabe de Noisy-le-Sec met à l’honneur le Liban et la réalisatrice et artiste Jocelyne Saab, dont la filmographie fera l’objet d’une rétrospective intégrale jusqu’au 10 décembre à Paris et en région parisienne. Pionnière du « nouveau cinéma libanais » dans les années 70, elle a documenté sans relâche les conflits prenant place au Liban et sa ville de cœur, Beyrouth. Rencontre avec Mathilde Rouxel, directrice artistique du festival et ancienne collaboratrice de Jocelyne Saab, à l’initiative de la restauration de ses films.

LUNE FROIDE (1991), regarde les hommes tomber

Lune froide a beaucoup fait parler à sa sortie pour une séquence choquante, grotesque, interdite. Pourtant, le film de Patrick Bouchitey ne peut se résumer à ce paroxysme de cinéma. Adapté de Charles Bukowski, Lune froide est d’abord une histoire d’amitié entre deux pieds nickelés. C’est aussi un film poignant, drôle, poétique, et rageur.

Sacha Guitry, déclaration(s) d’amour

Onze films de Sacha Guitry ressortent en salle, offrant un regard rétrospectif sur une figure immanquable du théâtre et du cinéma français ; un artiste complet, populaire, que l’on croit connaître, paraissant vu et revu, et pourtant dont il y a encore toujours quelque chose à tirer et à redécouvrir. Devant et derrière la caméra, l’œuvre de Guitry brille, bien sûr, par ses dialogues, mais aussi par un rapport unique entre forme et parole, de la drôlerie lyrique de Faisons un rêve (1936) à l’humour noir de La Poison (1951), et la redécouverte d’une perle plus méconnue de sa filmographie, Ceux de chez nous (1915).

CLASSIFIED PEOPLE (1987), l’amour face à l’Apartheid

Tourné clandestinement en 1987, Yolande Zauberman signe avec Classified People un premier film foudroyant sur la violence du régime sud-africain. Au cœur du documentaire : le témoignage d’un couple brisé par l’instauration de ce système. Une œuvre rare et essentielle pour comprendre la violence de cette période qui ressort en salles en version restaurée.

HESTER STREET (1975), un monde nouveau

Après avoir été redécouverte au Festival Lumière en 2020, le travail de la réalisatrice américaine Joan Micklin Silver a enfin les honneurs d’une ressortie en salles avec son premier film, Hester Street (1975). Une plongée quasi-documentaire dans le Lower East Side de la fin du XIXe siècle à travers le regard d’une jeune immigrée russe dépassée par les mœurs du pays de Yankees auquel son mari s’est acclimaté.

CHER PAPA (1979), FANTÔME D’AMOUR (1981), reflets d’hier et d’aujourd’hui

Deux films de Dino Risi ressortent en salle ; deux films questionnant le passé, le souvenir, le spectral, dans l’Italie politiquement tourmentée de la fin des années 1970 / début 1980. Cher Papa (1979)et Fantôme d’amour (1981) embrassent la tragédie, le pessimisme de Dino Risi, cinéaste qui a pourtant brillé auparavant grâce à ses comédies dont Le Fanfaron, sorti près de vingt ans plus tôt. Mais le monde avait changé, et l’innocence du cinéma de Risi aussi, ornée désormais d’une tristesse qu’il applique sur ses stars, Marcello Mastroianni, Romy Schneider, ou Vittorio Gassman.

NIFFF 2023 – Female Trouble : genres féminins

Succédant à la rétrospective « Scream Queer » qui, lors du précédent NIFFF, mettait en avant les représentations LGBTQIA+ dans le cinéma de genre, celle intitulée « Female Trouble » a exploré lors de la 22e édition du festival neuchâtelois de multiples facettes de ces figures féminines souvent bien mal mises en valeur dans les œuvres cinématographiques fantastiques et dont les plus iconiques se sont formées à la marge. Rapide tour d’horizon d’une sélection éclectique de 20 longs-métrages issus de nombreux pays, allant du muet jusqu’en 2022.

« L’action fait partie intégrante du film. Elle est aussi importante que les dialogues. » Rencontre avec John McTiernan au NIFFF 2023

La 22e édition du NIFFF du 30 juin au 8 juillet derniers, s’est éclairée par l’invitation de cet auteur de films d’actions américains parmi les plus mémorables tels que Predator, Piège de cristal ou À la poursuite d’Octobre rouge. Lors d’un rendez-vous qui marquait les 20 ans depuis le tournage de son dernier film, John McTiernan est revenu en artiste engagé, sans fard et sans filtre, sur sa carrière gravie jusqu’aux plus hauts sommets et sombré dans la disgrâce versatile d’Hollywood.

BIG GUNS (1973), le prince de la nuit

Genre de tous les excès, expression de l’incapacité à saisir véritablement les événements politiques de l’Italie des années 70, le poliziottesco, à l’instar du cinéma d’exploitation, n’a pas toujours eu bonne presse. Il recèle pourtant quelques grandes réussites dont Big Guns de Duccio Tessari fait assurément partie, film porté par l’acteur et producteur Alain Delon. Après une sortie en salle par Camélia Films, le film de Duccio Tessari est maintenant disponible en vidéo chez Pathé.

Silence ! Elles tournent – L’animation au féminin : Mary Blair & Mary Ellen Bute

Pour ce dernier épisode de la saison, et à la suite du Festival international du film d’animation d’Annecy, qui a créé cette année le Prix Lotte Reiniger, récompensant désormais le meilleur film de fin d’études, Esther Brejon et son invitée Lucie Mérijeau, enseignante en école d’animation, rendent hommage à deux artistes féminines de l’histoire de l’animation, toutes deux américaines et nées du début du siècle dernier, Mary Blair et Mary Ellen Bute. Plongée dans les œuvres importantes de ces deux artistes hors du commun.

Une histoire de cinéma – André Cayatte, un cinéaste mal-aimé

À l’occasion de la sortie en Blu-ray par Pathé du diptyque La Vie conjugale, Antoine Jullien vous raconte le parcours du réalisateur André Cayatte, dont le nom ne résonne pas toujours bien dans les oreilles des cinéphiles. À l’époque, le cinéaste a subi les foudres d’une partie de la critique malgré les succès publics et la reconnaissance de ses pairs. D’abord avocat, l’homme passé derrière la caméra n’aura eu de cesse de traquer les erreurs judiciaires et de dénoncer les injustices. Mais il était aussi un expérimentateur de formes et de récits, et son œuvre mérite d’être redécouverte.   

SUGAR MAN, on ne vit que deux fois

Trop belle pour être vraie, trop triste pour être imaginée, l’histoire de Sixto Rodriguez, musicien oublié devenu légende, eut les honneurs, il y a dix ans, d’un documentaire oscarisé. Une décennie plus tard, Sugar Man reste un mystère, une énigme qui n’a, c’est peut-être là le plus tragique, aucune bonne réponse à apporter.

Tout le monde à bord du Galaxy Express 999 ! Entretien avec Rintarō

Le Festival international du film d’animation d’Annecy s’est achevé il y a quelques jours. Dans sa bonne ambiance et son cadre merveilleux, le grand Rintarō est venu présenter la version restaurée de Galaxy Express 999, l’adaptation cinématographique de 1979 tirée de la série et du manga du récemment disparu Leiji Matsumoto. Une splendide épopée cosmique, visuellement ébouriffante, spin-off d’Albator, qui est aussi le premier long-métrage du réalisateur du futur Metropolis, désormais âgé de 82 ans. Bon pied bon œil, nous avons pu évoquer avec lui le début de sa carrière et le tournant qu’a été la réalisation de Galaxy Express 999, dont on espère une ressortie prochaine en France.

René Laloux, le visiteur des futurs

Grand admirateur de Paul Grimault et d’Hayao Miyazaki, cet artiste mérite pleinement sa place à leurs côtés. Malgré la modestie des moyens à sa disposition, René Laloux fut l’un des plus talentueux défenseurs de l’animation et des possibilités sans limites de l’imaginaire, signant une œuvre non conformiste où résonnent les noms mythiques de Topor, Mœbius et Caza, et dont la version restaurée de son deuxième long-métrage, Les Maîtres du temps (1981), est présentée cette année au Festival d’Annecy.