LE TERRORISTE (1963) : de la dynamite

Merveille retrouvée d’un cinéma italien ultra-politique, Le Terroriste est l’œuvre de Gianfranco de Bosio, homme de théâtre et cinéaste méconnu ; surtout, ancien résistant et membre des Groupes d’Action Partisane, dont il retranscrit ici l’expérience dans Venise occupée. Un film puissant, approfondissant les enjeux moraux autour de la Résistance et de la notion de terrorisme, à l’actualité irradiante.

LENI RIEFENSTAHL, LA LUMIÈRE ET LES OMBRES, entretien avec le réalisateur Andres Veiel

Le documentariste allemand Andres Veiel consacre un long-métrage à Leni Riefenstahl, la cinéaste-égérie du IIIe Reich qui a marqué l’histoire du cinéma par son rapport à l’esthétique dans Le Triomphe de la volonté (1935) et Les Dieux du stade (1936). On aurait pu croire qu’il n’y avait rien de plus à raconter sur elle et sa personnalité souvent qualifiée « d’ambiguë », mais le réalisateur a eu notamment accès à ses vastes archives, dont de nombreuses inédites, montées avec intelligence dans son film, précisant un portrait qui, justement, n’a rien d’ambigu, et confronte une fascination collective pour une artiste possédant du génie, mais dont la compromission avec le pire donne le vertige.

SANS LENDEMAIN (1939), la nuit des masques

Portrait de femme lumineux et tragique porté par l’inoubliable Edwige Feuillère, Sans lendemain est réalisé lors du premier séjour de Max Ophuls en France, entre son départ d’une Allemagne qui a sombré dans le nazisme et son futur séjour aux États-Unis en tant qu’exilé. Aux côtés du Plaisir et de Madame De…, Sans lendemain ressort en salles en version restaurée, avec Les Acacias Distribution.

LA NOIRE DE… d’Ousmane Sembène : Antibes, Dakar, et un porte-avions

La ressortie en salle de La Noire de… d’Ousmane Sembène, en version restaurée 4K, n’est pas seulement un évènement cinéphile ; c’est aussi le geste fort de montrer l’acte de naissance du cinéma africain subsaharien, au lendemain de l’ère coloniale. À travers le portrait d’une employée de maison sénégalaise « ramenée » à Antibes par ses patrons français, Sembène dresse le portrait d’une société contemporaine sinistre, où l’espoir de l’indépendance est vite balayé par le cynisme déprimant imbibant le vieux monde. Le cinéaste livre, à cet égard, un film sublime et puissant, qui 60 ans après sa sortie, ferait bien d’être revu par un certain nombre de personnes.

JOHNNY GOT HIS GUN (1971), une guerre intérieure

Dalton Trumbo, grand scénariste hollywoodien connu pour ses prises de position politiques, réalise Johnny Got His Gun en 1971, un réquisitoire anti-guerre sous forme de combat intérieur pour (et contre) la vie. Présenté en sélection Cannes Classics lors du Festival de Cannes 2024, Johnny Got His Gun ressort le 11 septembre dans une nouvelle version restaurée, grâce à Malavida Films.

L’INNOCENT (1976), ou le dernier bal

Dernier film de Luchino Visconti, adapté du roman de Gabriele D’Annunzio, L’Innocent est un film habité par la conscience d’une disparition prochaine, celle du réalisateur et celle du XIXème siècle, sublimement racontée ici, inaugurant les symptômes du Mal révélé en 1922 par le fascisme. L’Innocent ressort en version restaurée dans le cadre d’un rétrospective initiée par les Acacias autour du XIXème siècle de Visconti, avec Senso, Le Guépard et Ludwig.

LAW AND ORDER (1969), « not all cops »

Présenté à Cannes Classics durant cette 77ème édition du Festival de Cannes, Law and Order (1969), un des premiers long-métrages du documentariste Frederick Wiseman, montre la vie réelle d’une brigade de policiers à Kansas City. La ressortie en version restaurée est prévue à l’automne 2024 par Météore Films.

LE NOM DE LA ROSE (1986), le Diable est dans les détails

La Victoire en chantant (1976), Coup de tête (1979), La Guerre du feu (1981), c’est à se demander pourquoi Jean-Jacques Annaud, avec sa tête à l’époque remplie d’ours, s’est-il trouvé soudain à transposer le chef-d’œuvre du sémiologue Umberto Eco ? Presque comme à chaque nouvelle pièce maîtresse de sa filmographie, il faut gratter sous le vernis de la pellicule pour comprendre que son apparente intrusion dans l’univers de ce professeur de l’université de Bologne n’a rien d’un hasard. À la manière de son héros Guillaume de Baskerville, le cinéaste incarna malgré lui un trouble-fête idéal, en s’emparant de ce best-seller avec la bénédiction de l’auteur. Il bouscula ainsi d’innombrables dogmes et certitudes, aboutissant à ce long-métrage inoubliable à redécouvrir en version restaurée.

LUNE FROIDE (1991), regarde les hommes tomber

Lune froide a beaucoup fait parler à sa sortie pour une séquence choquante, grotesque, interdite. Pourtant, le film de Patrick Bouchitey ne peut se résumer à ce paroxysme de cinéma. Adapté de Charles Bukowski, Lune froide est d’abord une histoire d’amitié entre deux pieds nickelés. C’est aussi un film poignant, drôle, poétique, et rageur.

HESTER STREET (1975), un monde nouveau

Après avoir été redécouverte au Festival Lumière en 2020, le travail de la réalisatrice américaine Joan Micklin Silver a enfin les honneurs d’une ressortie en salles avec son premier film, Hester Street (1975). Une plongée quasi-documentaire dans le Lower East Side de la fin du XIXe siècle à travers le regard d’une jeune immigrée russe dépassée par les mœurs du pays de Yankees auquel son mari s’est acclimaté.

CHER PAPA (1979), FANTÔME D’AMOUR (1981), reflets d’hier et d’aujourd’hui

Deux films de Dino Risi ressortent en salle ; deux films questionnant le passé, le souvenir, le spectral, dans l’Italie politiquement tourmentée de la fin des années 1970 / début 1980. Cher Papa (1979)et Fantôme d’amour (1981) embrassent la tragédie, le pessimisme de Dino Risi, cinéaste qui a pourtant brillé auparavant grâce à ses comédies dont Le Fanfaron, sorti près de vingt ans plus tôt. Mais le monde avait changé, et l’innocence du cinéma de Risi aussi, ornée désormais d’une tristesse qu’il applique sur ses stars, Marcello Mastroianni, Romy Schneider, ou Vittorio Gassman.

NIFFF 2023 – L’univers fou fou fou de Katsuhito Ishii

En faisant l’ouverture de la Quinzaine des réalisateurs en 2004 avec son troisième long-métrage, The Taste of Tea, l’iconoclaste cinéaste japonais Katsuhito Ishii vit sa carrière propulsée sur le devant de la scène cinématographique internationale. Il était cette année l’un des invités à l’honneur du 22e NIFFF avec une sélection de ses réalisations en version restaurée, dont son tout premier film, sorti il y a 25 ans, qui lui avait permis de croiser la route d’un certain Quentin Tarantino…

BIG GUNS (1973), le prince de la nuit

Genre de tous les excès, expression de l’incapacité à saisir véritablement les événements politiques de l’Italie des années 70, le poliziottesco, à l’instar du cinéma d’exploitation, n’a pas toujours eu bonne presse. Il recèle pourtant quelques grandes réussites dont Big Guns de Duccio Tessari fait assurément partie, film porté par l’acteur et producteur Alain Delon. Après une sortie en salle par Camélia Films, le film de Duccio Tessari est maintenant disponible en vidéo chez Pathé.

Cannes Classics : SARAFINA (1992) de Darrel James Roodt

Tourné au moment de la suppression du régime de l’Apartheid, le film sud-africain Sarafina ose regarder droit dans les yeux la sombre histoire du pays à travers le parcours d’une adolescente de Soweto. Entre comédie musicale et drame politique engagé, une des plus belles redécouvertes de cette édition de Cannes Classics.