Cannibalisme et gâteaux dans Black Journal (1977) de Mauro Bolognini

Qui se souvient de Mauro Bolognini ? Parmi les grands cinéastes italiens, le public citera Federico Fellini, Sergio Leone, Pier Paolo Pasolini, Bernardo Bertolucci, Ettore Scola, Roberto Rossellini… Même les plus cinéphiles semblent avoir oublié le cinéaste de La Dame aux Camélias, avec Isabelle Huppert. Une rétrospective, qui se donne actuellement à la Cinémathèque française, vient à point nommer pour remettre à l’honneur ce grand cinéaste italien. Parmi ses films, on trouve Black Journal, œuvre monstre, enfin présentée dans une superbe version intégrale restaurée – 20 minutes supplémentaires ! –, mélange improbable de drame criminel, historique, film d’horreur, réflexion sur l’identité sexuelle, la maternité.

Les Aventures de Pinocchio (1975), plus belle adaptation du pantin de bois

Au même titre que Peter Pan, Alice ou, plus près de nous, Harry Potter, Pinocchio fait partie de ces mythes populaires récents qui résonnent aussi bien à l’esprit des enfants que des adultes. L’adaptation animée de Walt Disney n’est pas étrangère à la popularité du célèbre pantin de bois, même si elle a en trahi l’esprit et la lettre. En offrant sa version initialement tournée pour la télévision italienne en 1972, le cinéaste Luigi Comencini revient non seulement aux sources du conte feuilletonesque de Carlo Collodi paru à la fin du XIXème siècle, mais il livre un des plus beaux manifestes sur l’enfance.

TERREUR SUR LE BRITANNIC (1974), thriller efficace à réévaluer

Flop commercial à sa sortie, film oublié depuis, Terreur sur le Britannic (Juggernaut en Anglais) a aussi pâti du déficit d’attention dont souffre la carrière (inégale) de Richard Lester. Sa réédition en version restaurée offre néanmoins l’opportunité de redécouvrir un thriller qui a peut-être été injustement traité, plus efficace qu’il n’y paraît, et surtout accompagné d’un remarquable casting.

45 ans avant Scorsese, Masahiro Shinoda adaptait Silence (1971)

Adaptation du célèbre roman de Shūsaku Endō , Silence a été redécouvert à l’occasion de l’adaptation faite par Martin Scorsese en 2016, permettant ainsi de remettre en lumière celle de Masahiro Shinoda, cinéaste de la Nouvelle Vague japonaise, signant ici un film âpre, dont le contrepoint américain enrichit aujourd’hui d’autant plus la lecture.

Double programme Blier/Corneau avec Hitler… connais pas (1963) et France Société Anonyme (1974)

Jean-Baptiste Thoret poursuit son exploration d’incunables avec sa collection Make My Day ! Les cinéphiles seront aux anges avec ce double programme qui réunit les œuvres singulières de deux grands cinéastes français : Bertrand Blier et Alain Corneau. Revoir leurs premiers longs-métrages, Hitler… connais pas et France Société Anonyme, en dit long sur ces réalisateurs et l’époque des tournages de leurs films.

Hair, de Milos Forman (1979)

Hair (1979) et le cinéma révolté de Milos Forman

C’est une première pour Milos Forman : jamais le cinéaste tchèque, alors âgé de 47 ans, n’a réalisé de comédies musicales. Pourtant, les thèmes abordés dans Hair ne lui sont pas étrangers : courage, révolte, contestation de l’ordre, des autorités, refus des diktats et de l’aliénation… Comment ne pas voir dans l’œuvre de Forman des allusions du cinéaste à sa propre vie, et à son passé ?

Sur la route des barricades : Cocktail Molotov, de Diane Kurys (1979)

Mai 68 raconté par ceux qui ne l’ont pas vécu. Voici une idée plutôt maline, tant on sait à quel point la France fantasme 68. Tourné dix ans après les évènements, Diane Kurys ne se risque pas à déconstruire l’image des barricades dans Cocktail Molotov mais fait le choix d’éloigner ses personnages de cette effervescence. La route devient une échappatoire pour les étudiants utopistes. Des campagnes françaises à une lagune vénitienne sans cliché, la réalisatrice propose un joli voyage initiatique où les rêves adolescents se confrontent à la réalité sociale.

Céline et Julie vont en bateau, de Jacques Rivette (1974)

Dans cette aventure de trois heures réalisé par Jacques Rivette, Julie va croiser le chemin de la très pressée Céline. Une Céline façon lapin blanc (l’influence de Lewis Caroll est évidente tout le long du film) et une rencontre aussi fantasque que le sera ce joli duo. C’est l’une des forces de Céline et Julie vont en bateau : cette complicité de tous les instants entre deux jeunes femmes délurées.

« Du moment qu’il y a un spectateur, on joue quand même le film » – Jean-Pierre Mocky, dernier des Mohicans

On en fait plus des comme lui. Jean-Pierre Mocky, 84 ans, était l’invité du festival Rebel Rebel des 18e journées cinématographiques dionysiennes de la ville de Saint-Denis. Une rencontre à ne pas manquer avec un élément turbulent depuis toujours dans le paysage du cinéma français, représentant de toute une ère. Indépendant coûte que coûte, provocateur, trublion, acteur, réalisateur, scénariste, auteur, exploitant… Il y a de tout chez Mocky, car il a tout fait. Mais attention, Mocky en solo, ça canarde sec.

LE MIROIR (1974) – Voyage au bout de la vie

Au sein de la filmographie d’Andreï Tarkovski, Le Miroir occupe une place particulière. Coincé entre les deux mastodontes que sont Solaris (le 2001, l’Odyssée de l’Espace soviétique) et Stalker (Prix du Jury à Cannes en 1980 et son film le plus réputé aujourd’hui), Le Miroir est une œuvre instable dans laquelle s’entrechoque une beauté formelle foudroyante et une narration nébuleuse tant son contenu est riche et dense. Il s’agit d’un métrage-tiroir monumental, une forme de film-somme qui condense les thèmes et obsessions de son auteur (la mort bien sûr mais aussi la filiation, la religion, la politique, le surnaturel) enrichi par son aspect autobiographique mais aussi un film-monde dans lequel se recoupe tous les arts.

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